dimanche 14 octobre 2007

Séance n°2 - Mars 2006 : "La vie quotidienne"

Résumé de la séance
En France on se couche tôt, on mange lentement, on parle pour dire quelque chose. En Espagne, on mange vite puis on parle, de tout. Ce qui importe pour l’Espagnol se situe dehors alors que le Français reçoit chez lui (chez elle…).

Tour de table
On jette des premières impressions grâce à un tour de table : « Ce qui nous a frappé dans l’autre pays (pour cette séance, il y a presque autant de français que d’espagnols). Ces impressions sont inscrites au tableau pour que tout le monde les voie et en discute.
Le débat consiste à compléter la liste, à chercher des liens entre les impressions pour en faire des groupes et, si on a le temps, à faire le lien avec la séance précédente (sur l’honneur).

En Espagne
Au restaurant, on ne pousse pas à la consommation (on vous conseille de prendre moins que ce qu’on a commandé si c’est copieux ; on apporte autant de couverts que de convives même si un seul plat est commandé)
Partagent les plats au restaurant (pas la table !)
Parlent beaucoup et haut (tolérance au bruit très importante)
On mange vite mais on reste longtemps à table (« la sobre mesa » : tu restes à parler tranquillement, c’est aussi important que de manger)
On s’invite au restaurant (pas à la maison)
Les espagnols se touchent pour parler
Pas ponctuels (sauf la première fois quand on ne se connaît pas)
On ne dit pas por favor mais l’intonation montre qu’on est poli (mais avant on le disait)… Sont accueillants, chaleureux
Le paseo : on sort, on voit des amis, il faut marcher tous les jours pour la santé, l’habitude de se promener est ancienne, c’est très enraciné…
En Espagne, on « mélange » ses amis et ses relations, c’est très agréable d’être mis en contact si facilement

En France
Serveurs pas aimables (surtout à Paris) – voir une tentative d’explication en séance 1 (on n’est pas au service des gens mais on leur rend service…)
Tables trop serrées au restaurant ou au café (si une place est vide à table, on la partage – à Paris)
On peut demander une carafe d’eau (en Espagne, c’est surprenant) – mais on ne l’apporte pas forcément
On met longtemps à manger le repas (les plats arrivent lentement, « une heure entre le fromage et le dessert »)
On invite à la maison (pas au restaurant)
Les français se couchent tôt
Mangent peu, On mange à midi et on ne vous sert plus à 14h
On dit s’il vous plait, on dit merci : la politesse est plus importante que la gentillesse… On est plus formel,
Choquée par les gens qui s’embrassent dans la rue (dans les années 50)
en France les amitiés sont très compartimentées

Débat
« Avec l’horaire coupé dans la journée, les espagnols dorment moins et c’est source d’accident. Le gouvernement essaie de changer cela pour s’aligner sur le reste de l’Europe. A la campagne, avant (années 60), l’horaire est plutôt treize heures et maintenant encore. »

« Tout à l’air plus codé en France, en Espagne, on est plus brutal. »
« Est-ce parce que l’école française a commencé très tôt de façon obligatoire ? Les instituteurs ont joué un rôle très important dès le XIXème. L’Espagne des années 50, c’était le Moyen-Age : en 1939, 60% des instituteurs vont perdre leur emploi car ils ne sont pas d’accord avec le régime. »
« Il y a aussi la transmission orale, tout ne vient pas de l’illettrisme pour la politesse : ce sont des valeurs. En Asturies il y a beaucoup de gens qui vivent isolés du monde et sont pourtant très polis. La question de la politesse est différente entre les villages et les villes : les fautes de politesse c’est quelque chose de moderne (la même chose en France ?). »
« En Espagne, il y a eu une grosse transformation après le franquisme : toutes les formules de politesse ont disparu ; si tu étais poli c’était que tu étais franquiste, c’était mal vu. »
« Sous Franco, la Guardia Civil donnait des contraventions en cas de baisers dans la rue ; il fallait un peignoir jusqu’à la mer pour aller se baigner, impossible de se montrer en maillot de bain ; maintenant c’est le contraire « on montre tout » »

« On n’invite pas à la maison en Espagne : est-ce nouveau ? Est-ce toujours le cas ou faut-il nuancer ? »
- En faveur de la nouveauté, explications : « les gens ne veulent plus faire d’efforts pour recevoir (les français ont l’air plus décontractés avec leur intérieur), les femmes ne veulent pas faire la cuisine le week-end ; « si tu n’as pas la maison au même niveau que l’autre alors qu’est-ce que tu vas paraître » ; « on pense que pour recevoir il faut une belle chambre comme ci, comme ça ». C’est depuis que la femme travaille… »
« On perd en qualité des relations » ;
- En faveur de la nuance : « On reçoit quand même à la maison les très bons amis, ça se fait chez les jeunes » ; « on a tout le temps du monde à la maison, on reçoit toujours ; c’est vrai qu’on est d’une autre génération ; on a toujours travaillé et toujours reçu à la maison »…

« Les noms en Espagne : la femme garde son nom en se mariant. Mais c’est seulement le nom de son père qu’elle transmet à ses enfants. Nouvelle loi de la fin des années 90 où le nom de la femme peut être transmis aux enfants « mais c’est une cause de divorce ». En France, la loi aussi permet aux hommes de prendre le nom de leur femme ; les enfants peuvent aussi prendre le nom de la femme. La loi permet des choses que la tradition répugne à faire. »
« Le droit de vote féminin en France et en Belgique date de la fin de la guerre ; idem pour les comptes en banques ; en Espagne : en 1968, pour ouvrir un compte en banque, la femme a besoin de l’autorisation de son mari (droit en 1977, après la mort de Franco). »
« Maintenant, les droits sont presque inversés, le mari aurait besoin de la permission de sa femme : « si tu divorces, tu n’as plus rien et en plus tu payes, la loi est seulement en faveur de la femme ». »

- Sur la tradition du « paseo » :
« Les espagnols aiment voir du monde, se montrer, avoir de belles tenues, qu’on voit que tu as acheté quelque chose de nouveau, maintenant en plus il faut faire ça pour faire baisser le cholestérol, c’est super ; alors on est encore plus dehors. Mais ça change partout : même en Angleterre, il y a des cafés à l’extérieur ; à Chicago aussi, il y a beaucoup de restaurants en terrasse. »
« A Gijon, il y a beaucoup de retraités qui étaient avant des paysans qui se dépensaient physiquement. Ils gardent un besoin de se dépenser. A Bruxelles, il y a aussi beaucoup de terrasses et de gens qui mangent dehors (mais ça fonctionne deux mois par an). »
« Cette habitude de se promener : on dit que c’est une question de santé, mais c’est dans notre culture sociale de sortir, on le voit dans les café où on est dehors alors que les voitures passent, tant pis on est dehors, le temps aussi le permet. A Tunis aussi, tout le monde est dehors. »
« Les gens sont élégants, les femmes cherchent à être belles : « A Bruxelles, tu rencontres au mieux trois manteaux de fourrure pendant la semaine ; a Gijon, des centaines ! » ; « A la campagne, c’est pire car si la femme du notable a le vison, tout le monde doit l’avoir » ; « pareil pour les cheveux teints ! »

Les relations Espagne – Belgique, un peu d’histoire
« La Belgique a-t-elle toujours été catholique ? »
« Charles Quint, successeur et héritier des ducs de Bourgognes, est né à Gand. A cette époque les Pays-Bas sont catholiques. La bataille de Charles Quint sera de lutter contre le protestantisme qui commence en Suisse avec Luther. Philippe II, qui succède à Charles Quint et qui n’a jamais voyagé, veut que la Belgique reste catholique et envoie le duc d’Alba : le nord se bat contre le duc d’Alba et s’unifie sous la bannière protestante ; les catholiques sont alors espagnols. On se bat donc contre un conquérant (l’Espagne) et pour une histoire de religion (protestant contre catholiques). Les Pays-Bas sont nés à ce moment : los Paises Bajos (voir « la kermesse héroïque », un film sur l’arrivée du duc de Alba). »

Aucun commentaire: