samedi 7 novembre 2009

Condé 38 - mai 2009 - "Asturies mon amour"


Les non asturiens parlent des Asturies et les asturiens parlent…

...: je viens de Aragon (Zaragoza) et a habité 17 ans en Hollande… Je suis venue à Gijón il y a six ans. Parler asturien c’est très étrange parce que on met le pronom derrière (digotelo yo, gustote) et le passé simple qui est toujours utilisé.
...: je ne suis pas asturienne, je suis née à Ségovie, toute ma famille est castillane. Quand j’étais petite les habitudes étaient castillanes plus que asturiennes et j’avais deux ans. Plus tard, à travers la famille, car moi j’ai toujours vécu ici sauf quand j’allais à la maison de mes tantes et grand-mère, je pouvais percevoir les différences. Les manières de traiter les autres : à Ségovie on parle moins fort, il y a des nuances mais la manière de s’habiller est plus sérieuses en Castille, maintenant à travers la télévision tout le monde fait pareil… On emploie aussi beaucoup le passé composé.
...: Asturienne… quand je suis allée à Salamanque en 1964, j’avais un costume pantalon et on me regardait car il n’y avait pas de femme en pantalon. En 1969, je suis allée à Zamora avec une jupe un peu au-dessus du genou et j’ai croisé un vieillard qui a failli tomber !
...: je viens de Salamanque. En 1969, j’allais m’habiller chez une amie avant de sortir car je ne pouvais pas mettre une jupe courte et les bras nues devant ma mère ! Après avoir habité à Gijon, mariée, je suis retournée à Porto Llano et je voulais aller me promener seule, en 1996. Le mari des amis chez qui j’étais ne voulait pas me laisser sortir seule ! ça ne se fait pas…
...: toujours maintenant ! partir en voyage ne se fait toujours pas seule ! J’étais à Gerona il y a une semaine et dans l’agence de voyage, la jeune fille m’a dit « vous », « vosotros » comme si je n’étais pas seule !
...: pour la manière de s’habiller, dans le sud c’est encore pire. Il y a longtemps, on s’habillait encore en noir et ici c’était déjà comme on voulait.
...: gijon, oviedo ?
...: je suis de Pola de Sierro, le chef lieu de l’asturiania… Il y a toujours une différence : Oviedo plus fin, mieux habillé, plus poli ; Gijon, c’est plus ouvrier, un accent très fort.
...: basque, je suis venu en asturies quand j’avais 6 ans, dans plusieurs villes ! Je me suis balladée un peu partout. Ma famille est d’un petit village de Victoria : je suis tombée et ma mère m’a dit « ya pasó » et ma cousine a fait la remarque que c’est une chose qui vient de se passer on ne dit pas « ya pasó » mais « ya ha pasado ». On parlait un castillan…
...: en basque ils emploient le conditionnel à la place du subjonctif imparfait ! c’est comme ça qu’on reconnaît un basque ! J’y suis allée en 1978, je ne comprenais pas, je n’avais jamais pensé qu’on pouvait parler comme ça ! Je n’arrivais pas à comprendre les temps des verbes !
...: par rapport à la grammaire, il y a une chose qui m’étonnait ici : « je vais t’apprendre » ici on dit « voy a aprender » au lieu de « voy a enseñarte ».
...: le passé simple était considéré comme un peu snob, qui veut bien parler mais n’y arrive pas. Une anecdote de l’année dernière : une dame vient de Séville, elle est mariée à un cousin à moi et elle est étonnée que toutes les femmes soient seules à la cafet.
...: il m’a fallu seulement deux jours pour comprendre qu’il ne fallait pas demander à un asturien de parler moins fort. Et les gens vous parlent dans la rue…
Tout le monde : C’est partout en Espagne, pas dans les grandes villes !
...: peut-être parce qu’on a toujours été isolés…
...: les enfants ne s’invitent pas à dormir ; n’ont jamais dormi en dehors de la maison ; ont toujours la famille tout autour et beaucoup de choses à faire avec la famille ; les amis c’est moins important.
...: je viens ici pour y rester à demeure ; je n’ai pas d’impression particulière. Je suis ouvert à tout, j’ai voyagé partout, je suis gentil, serviable mais avoir une impression sur une région, j’en ai pas… En France, je n’ai pas vu beaucoup de gens qui vous adressent la parole ! ici les gens ils me parlent mais je ne sais pas répondre !
...(nous a rapporté des gâteaux aux noisettes délicieux et du cidre doux) : on me disait quand j’étais petite de ne pas trop en boire car ça donne la diarrhée mais moi je n’obéissais jamais et j’avais toujours la diarrhée. j’ai habité deux ans à Bordeaux et j’ai trouvé très sympa même si tous me disaient que les bordelais ne sont pas agréables. J’ai demandé un verre de vin au bar et on m’a dit qu’on ne servait pas de femmes seules, il y a trente ans ! On fête les anniversaires, on est dehors, on rigole toujours, on raconte des histoires drôles. Des gens déjeunaient à coté, une dame au fond… A un moment donné, on était en pleine pagaille, la dame s’est approchée : je suis andalouse, je croyais que c’était nous qui rigolions mais vous faites mieux que nous ! En asturies, on dit que c’était un matriarcat. Les femmes ont un caractère très fort. L’homme intervient quand la femme a fini.
... : à propos des enfants qui ne vont pas chez des amis. Je crois que tu as raison. En Asturies, les gens sont accueillants, gentils mais leur maison est fermée
...: espagnol ?
Tout le monde : oui ou non !!
...: j’ai habité en France, j’ai été bien accueillie, j’ai passé deux noël à Paris, j’ai toujours été invitée chez les uns et les autres, très souvent, même des gens que je ne connais pas. Dans les Asturies, je suis invitée chez des collègues et des amis mais je connais des gens qui se plaignent de n’être jamais invités. On n’aime pas recevoir des gens dans notre maison. J’ai habité entre jeunes et on invitait beaucoup et il fallait faire le ménage, se répartir. Ici j’ai invité des gens et ils n’osent pas venir, je ne suis pas tellement invitée…
...: ça dépend aussi des familles
...: elle a raison
...: c’est tellement bon marché d’aller au resto.
...: ça c’est une question moderne, quand j’étais petite c’était toujours à la maison
...: chez moi on m’a toujours dit, il ne faut pas accepter l’invitation à la première fois mais seulement à la deuxième ou troisième fois. En France, ça choquait les gens !
...: par rapport à recevoir à la maison, ça dépend de l’âge et des personnes. Quand j’étais petit on était toujours les uns chez les autres…Jeune mariée je recevais beaucoup, maintenant non.
...: avant, la mère était toujours à la maison…
...: ma fille ne travaille plus et garde les enfants ; elle a toujours sa maison pleine !
...: c’est vrai, à l’école de mes enfants, tout le monde travaille..
...: on est un peu fermé, une certaine timidité…
...: Il y a une différence ici aussi c’est la parole : quand un castillan dit une chose, il le fait. En Asturies, sin sustancia, il n’y a pas d’engagement. En Castille, on donne sa parole.
...: ici, pas du tout !
...: au marché, on faisait les accords en serrant la main.
...: Une personne qui ment, tout le monde le savait et on ne comptait plus sur elle : c’est la pénalisation sociale, elle est forte contre le mensonge, le manque de parole.

Condé 37 - avril 2009 : "Napoléon"

En effet, en janvier, février et mars, les choses se sont bousculées et les condés 34, 35 et 36 n'ont pas fait l'objet de notes...
voici avril...


Vicky nous présente Napoléon...

J’ai choisi ce personnage car il est incroyable : génie militaire, excellent diplomate d’un côté et de l’autre, ambitieux et autoritaire : il combine à la fois la légende dorée et la noire. Il y a des personnes qui le détestent ou qui l’adorent mais c’est difficile d’être indifférent.
Il est né à Ajaccio en 1769. Son père s’appelait Cargo, sa mère Laetitia. Il est né quatrième mais ses deux frères ainés sont morts. 13 enfants dont 5 morts. Petite noblesse corse, père avocat mais personnage faible. L’île est pauvre et la famille n’est pas riche.
Il a pris parti contre Paoli, le gouverneur de Corse, en faveur de la France, et il doit s’enfuir. Laetitia s’est mariée à 13 ans, c’est une femme forte mais sans éducation. J’aime beaucoup sa jeunesse car la suite on la connaît tous. Elise a étudié à St Cyr, Joseph et Napoléon vont au collègue d’Autan. Joseph était destiné à une carrière ecclésiastique. Napoléon va à l’école militaire avec la bourse du roi. Va à Brème le Château. Y reste 5 ans, bon élève, doué pour les mathématiques, peu apprécié par ses camarades, propension à l’art du commandement, il organisait les jeux militaires, une bataille de boules de neige a fait sa légende. Joseph finalement étudie le droit.
Napoléon passe le concours d’entrée à l’école militaire de Paris. Son père meurt d’un cancer à l’estomac. Napoléon considère son frère Joseph trop faible pour devenir le chef de famille et le devient. Va en garnison à Valence au régiment d’artillerie. Retourne en Corse. Il lit beaucoup, prend des notes, ... A la révolution, Napoléon a 19 ans. Il est spectateur de l’émeute des Tuileries, méprise louis XVI en même temps que celui-ci le nomme capitaine. C’est d’ailleurs le dernier acte public du roi. Napoléon devient commandant et fait ses premières armes à l’expédition de la Maddalena en 1793. Devient chef de bataillon à la demande de Robespierre. Renvoi les anglais, est ami avec les Jacobins, se fait arrêter en 1794.
Je préfère raconter l’histoire de la famille. Toute la famille va à Marseille. Napoléon était général. Il connaît la famille Clarie, marchand de vin, riche. Deux filles : la première se marie avec Joseph. L’autre était Désirée. Elle devient la fiancée de Napoléon. Elle l’a aidé quand il était en prison. Il devient amoureux, ils sont promis. Il va a Paris pour aider son ami Barras. Il arrive à Paris, il connait Joséphine de Beauharnais, qui a du charme. Barras vivait avec Teresa Cabarusse. Il ne rentre pas à Marseille. Désirée va à Paris, elle sait que Napoléon est dans une fête chez Barras. Elle trouve Napoléon avec Joséphine, toutes les femmes étaient habillées de façon dénudée, elle pleure... Elle sort, elle tente de se suicider (on n’est pas sûr), le maréchal Bernadotte apparaît et l’aide puis ils se marient. Napoléon épouse Joséphine. Leurs vies ont toujours été liées : par le mariage de leur frère et soeur, par le mariage de Désirée avec Bernadotte qui est proche de Napoléon, puis, lorsque Bernadotte devient roi de Suède, Désirée revient à Paris, son fils reste en Suède. Quand Napoléon décide de divorcer de Joséphine pour se marier avec Marie-Louise d’Autriche, Désirée conseille les uns et les autres, elle est encore là pour le couronnement…

Débat
Q : pourquoi tu as choisi Napoléon ?
R : il est parti de rien et avec son ambition il a fait des choses incroyables. Cette ambition l’a perdu. Ses hommes l’adoraient, ils mourraient pour lui. Mais il a voulu trop. Il a eu trop de morts. Il a vu trop grand.
Q : même chose que sa relation aux femmes ?
R : il avait des maîtresses partout. C’était peut-être une chose de l’époque car Joséphine avait des amants partout. Pauline, la soeur de Napoléon était très jolie, n’était intéressée par rien seulement par elle, elle voulait être la plus belle, ses coiffures, ses bijoux et les hommes. Et Napoléon décide de la marier au Général Leclerc, riche et important. Mais elle avait des amants partout. Dont un acteur qui parfois ne pouvait pas aller jouer au théâtre ! Napoléon envoie Leclerc et sa femme en Martinique. Leclerc meurt au bout de 4 mois. Pauline revient en France, veuve avec de l’argent, elle est très heureuse. Napoléon voit le danger et décide de la marier encore. Choisit le prince Borghèse. Ce fut une bonne chose car, quand toute la famille tombe à la chute de Napoléon, elle reste princesse sous la protection du pape.
Q: Quand Napoléon est venu en France, il ne parlait que l’italien car la Corse était française depuis peu. En France, depuis la révolution, il y a le service militaire obligatoire. Il avait une armée énorme ! En Espagne on avait les quintas : en cas de conflit on ne pouvait prendre que la 5ème partie des hommes en âge sauf les héritiers ou les fils d’une veuve.
Vicky : si on étudie la vie de Napoléon, il réussit tout en peu de temps. Consul de France, réforme, 130 départements en France, président de république italienne, roi d’Italie, médiateur suisse, dirige l’Europe continentale, sa famille est sur tous les royaumes... Ses échecs : l’Angleterre, la Russie. En ce qui concerne l’Angleterre, Wellington a profité des guérillas en Espagne pour envahir la France. L’Espagne n’avait pas d’armée (la loi des quintas ou on ne peut enrôler qu’un 5ème des hommes en cas de conflit) mais elle savait détruire par guérilla. Pour chaque invasion, les français devaient vivre de se qu’ils trouvaient dans le pays. Les espagnols disaient qu’ils n’avaient rien.
Q: Napoléon a inventé les aliments déshydratés pour ses hommes.
Q: a offert un prix de 10000 francs pour celui qui arrive à conserver les aliments : Nicolas Appert. Avec l’approbation du conseil de santé de Brest. Conservation en verre.
Vicky : en Espagne, il n’avait pas encore ça. Les français sont rentrés quatre fois et on les a sortis quatre fois. C’était la première fois que Napoléon avait à lutter contre un peuple et non contre un roi.
Q: que pense les français aujourd’hui de Napoléon ?
Q: c’est un Dieu ! Il a fait quand même beaucoup trop de morts ! Mais moi je suis anti-militariste.
Q: on a une expression quand trop de garçons naissent dans une famille : c’est de la chair à canon.
Q: on se bat pour le pouvoir, on fait se battre les autres, malheureusement. La guerre ce sont des gens qui ne se connaissent pas et s’entretuent...
Q: ils étaient encouragés par le Général qui faisait des discours pour dire qu’on mourrait pour la gloire, le pays,
Vicky : en Espagne il n’y avait pas d’union. Je connais l’indépendance d’Asturies : il n’y avait pas cette idée d’union d’un pays. Dans le traité de Fontainebleau, les français étaient censés ne venir qu’à 10000 hommes en Espagne. Mais quand ils sont rentrés ils étaient déjà 1 millions en Espagne. Il y en avait en Asturies, le consul de France a lancé des papiers en disant que les français étaient les meilleurs du monde. Alors c’est le peuple qui a commencé à se révolter. Les français disaient qu’ils allaient en Portugal mais ils sont restés en Espagne. Il y avait beaucoup d’espagnols qui étaient pro-français (Jovellanos...)
Q : mais la guerre contre les arabes ; pays guerriers ?
R : il n’y a jamais eu l’idée d’une union espagnole. Les guerres étaient pour recouvrir des petits pays, des territoires.
Q: en Espagne, les arabes sont entrés en trombe et les gens se sont révoltés. C’était en plus une religion différente.
Q: il y avait différents royaumes arabes. Il pouvait y avoir des alliances entre Arabes et Espagnols contre un autre Arabe.
Q: les premiers envahisseurs étaient les Irakiens (622), les émirats n’existaient pas, mais c’était les arabes. Comme ils ne voulaient pas cultiver la terre, ils ont fait venir les marocains, les maures.
Vicky : c’est étonnant qu’autant de monde soit venu en Asturies alors que c’est si difficile d’accès !
Q: en France, ils ont beaucoup de montagnes aussi, et bien plus hautes… Les romains sont venus par la mer.
Vicky : Napoléon connaissait parfaitement la région d’Asturies, c’est incroyable !
Q : il était le plus grand stratège jamais connu. Il avait une intuition sur les mouvements à faire. Ça a été étudié. En Espagne, c’était le grand désordre.
Q: en Galice on aimait tant les français que les chiens s’appelaient Soult, Ney !
Q : ses femmes l’ont-il quitté à sa fin aussi ?
Vicky : Oui, toutes l’ont abandonné sauf Joséphine qui était déjà morte.
Q : on a analysé les restes de Napoléon et on a vu qu’il a été empoisonné !