dimanche 14 octobre 2007

Séance 3 - Avril 2006 : "Les jeunes..."

Sujet proposé par José Manuel sur les réunions de jeunes : « Dans les médias, on parle des jeunes espagnols qui se réunissent pour boire (el famoso botellon) en faisant la comparaison avec les jeunes français qui se réunissent et font changer une loi (CPE). Les français auraient-ils plus de conscience politique que les espagnols ? »
« Les rave-party existent aussi en France (énorme rassemblement à la base c’est pour écouter de la musique mais il y a une très forte consommation de drogues). On peut aussi voir le problème sous un autre angle : les espagnols parlent beaucoup, ils ne font pas que boire. C’est une façon de se rencontrer alors qu’ils n’ont plus les moyens d’aller dans les bars. »
« En France, c’est presque toujours par un soulèvement de la rue que les choses bougent. Le monde politique français est particulier : le président est par exemple toujours en place alors qu’il n’a que 25% de personnes favorables. En Espagne, on attend que les syndicats bougent (tous le monde est syndiqué) mais ils ne bougent pas. »
« Les émeutes sont aussi et surtout un phénomène médiatique : sait-on aujourd’hui comment se sont arrêtées les émeutes de novembre en France ? En fait, les voitures brûlent toujours, comme en Espagne. Les jeunes disent aussi que c’est moins cher que d’aller en boîte de nuit. »

« Voir le film « La haine », tout est dit là-dedans : la police française est très dure, très humiliante, alors qu’en Espagne ce sont des papas. Aussi « l’esquive » qui a été primé à Cannes en 2004. »
« Mais en France, la police espagnole a la réputation d’être dure aussi… Il y a aussi le complexe d’être resté comme à l’époque de Franco, il faut être « cool ». »

« On est aussi très influencé par les médias : si tu es de droite, tu ne lis que la presse de droite et tu n’écoutes pas la gauche. Si tu ne fumes pas, tu écoutes les programmes anti-tabac. Les espagnols ont des opinions radicalisées : il y a une mauvaise foi énorme en politique. La discussion entre la gauche et la droite n’est pas possible : on pense comme dans les années 60, on fait toujours référence à la guerre civile. On dit aux jeunes : regarde ce qu’a fait le franquiste ou le rouge à ton grand-père ou à ta grand-mère… On ravive toujours les mêmes histoires. Les personnes qui ont lutté à la guerre cherchent à oublier ça mais maintenant les petits-fils rouvrent le thème de la guerre… »
« Ce n’est pas tellement un souvenir de la guerre civile mais en effet la division gauche-droite revient avec force. C’est une droite très à droite (car il n’y a pas d’extrême droite) qui renvoie à l’ambiance de la guerre. C’est depuis l’attentat du 11 mars 2004 où le PP a perdu sa culotte et ne s’en est toujours pas remis. On ne sait d’ailleurs toujours pas qui a fait l’attentat. »
« Aujourd’hui c’est dangereux de parler politique. »
« Il y a un manque de respect… Il est difficile d’exposer une idée qui n’est pas politiquement correcte. Il faut souvent rester la bouche fermée car on ne peut pas parler. »

(Dit en séance 7) : le film « los chicos malos », croisé avec la presse actuelle, permet de comprendre les problèmes d’une certaine jeunesse française (les cités, les banlieues où on a entassé les immigrés). C’est différent de la jeunesse espagnole avec son botellon. Ce qui est commun est le manque de perspective de futur : en Espagne, la jeunesse se réfugie dans le divertissement. Dans le documentaire français, c’est un peu la vie sans loi, la police n’intervient plus. En Espagne, on est encore un pays jeune, tout est fantastique mais cela pourrait changer. Il y a un décalage entre ce qui est établit de toujours et la nouvelle société qui apparaît.
Il ne faut pas non plus mettre tous les jeunes dans le même panier. C’est pour cela que c’est intéressant de combiner avec les coupures de presse sur les révoltes politiques des jeunes contre le CPE.On se rend compte que c’est une situation européenne.

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Thanks for writing this.