samedi 7 novembre 2009

Condé 38 - mai 2009 - "Asturies mon amour"


Les non asturiens parlent des Asturies et les asturiens parlent…

...: je viens de Aragon (Zaragoza) et a habité 17 ans en Hollande… Je suis venue à Gijón il y a six ans. Parler asturien c’est très étrange parce que on met le pronom derrière (digotelo yo, gustote) et le passé simple qui est toujours utilisé.
...: je ne suis pas asturienne, je suis née à Ségovie, toute ma famille est castillane. Quand j’étais petite les habitudes étaient castillanes plus que asturiennes et j’avais deux ans. Plus tard, à travers la famille, car moi j’ai toujours vécu ici sauf quand j’allais à la maison de mes tantes et grand-mère, je pouvais percevoir les différences. Les manières de traiter les autres : à Ségovie on parle moins fort, il y a des nuances mais la manière de s’habiller est plus sérieuses en Castille, maintenant à travers la télévision tout le monde fait pareil… On emploie aussi beaucoup le passé composé.
...: Asturienne… quand je suis allée à Salamanque en 1964, j’avais un costume pantalon et on me regardait car il n’y avait pas de femme en pantalon. En 1969, je suis allée à Zamora avec une jupe un peu au-dessus du genou et j’ai croisé un vieillard qui a failli tomber !
...: je viens de Salamanque. En 1969, j’allais m’habiller chez une amie avant de sortir car je ne pouvais pas mettre une jupe courte et les bras nues devant ma mère ! Après avoir habité à Gijon, mariée, je suis retournée à Porto Llano et je voulais aller me promener seule, en 1996. Le mari des amis chez qui j’étais ne voulait pas me laisser sortir seule ! ça ne se fait pas…
...: toujours maintenant ! partir en voyage ne se fait toujours pas seule ! J’étais à Gerona il y a une semaine et dans l’agence de voyage, la jeune fille m’a dit « vous », « vosotros » comme si je n’étais pas seule !
...: pour la manière de s’habiller, dans le sud c’est encore pire. Il y a longtemps, on s’habillait encore en noir et ici c’était déjà comme on voulait.
...: gijon, oviedo ?
...: je suis de Pola de Sierro, le chef lieu de l’asturiania… Il y a toujours une différence : Oviedo plus fin, mieux habillé, plus poli ; Gijon, c’est plus ouvrier, un accent très fort.
...: basque, je suis venu en asturies quand j’avais 6 ans, dans plusieurs villes ! Je me suis balladée un peu partout. Ma famille est d’un petit village de Victoria : je suis tombée et ma mère m’a dit « ya pasó » et ma cousine a fait la remarque que c’est une chose qui vient de se passer on ne dit pas « ya pasó » mais « ya ha pasado ». On parlait un castillan…
...: en basque ils emploient le conditionnel à la place du subjonctif imparfait ! c’est comme ça qu’on reconnaît un basque ! J’y suis allée en 1978, je ne comprenais pas, je n’avais jamais pensé qu’on pouvait parler comme ça ! Je n’arrivais pas à comprendre les temps des verbes !
...: par rapport à la grammaire, il y a une chose qui m’étonnait ici : « je vais t’apprendre » ici on dit « voy a aprender » au lieu de « voy a enseñarte ».
...: le passé simple était considéré comme un peu snob, qui veut bien parler mais n’y arrive pas. Une anecdote de l’année dernière : une dame vient de Séville, elle est mariée à un cousin à moi et elle est étonnée que toutes les femmes soient seules à la cafet.
...: il m’a fallu seulement deux jours pour comprendre qu’il ne fallait pas demander à un asturien de parler moins fort. Et les gens vous parlent dans la rue…
Tout le monde : C’est partout en Espagne, pas dans les grandes villes !
...: peut-être parce qu’on a toujours été isolés…
...: les enfants ne s’invitent pas à dormir ; n’ont jamais dormi en dehors de la maison ; ont toujours la famille tout autour et beaucoup de choses à faire avec la famille ; les amis c’est moins important.
...: je viens ici pour y rester à demeure ; je n’ai pas d’impression particulière. Je suis ouvert à tout, j’ai voyagé partout, je suis gentil, serviable mais avoir une impression sur une région, j’en ai pas… En France, je n’ai pas vu beaucoup de gens qui vous adressent la parole ! ici les gens ils me parlent mais je ne sais pas répondre !
...(nous a rapporté des gâteaux aux noisettes délicieux et du cidre doux) : on me disait quand j’étais petite de ne pas trop en boire car ça donne la diarrhée mais moi je n’obéissais jamais et j’avais toujours la diarrhée. j’ai habité deux ans à Bordeaux et j’ai trouvé très sympa même si tous me disaient que les bordelais ne sont pas agréables. J’ai demandé un verre de vin au bar et on m’a dit qu’on ne servait pas de femmes seules, il y a trente ans ! On fête les anniversaires, on est dehors, on rigole toujours, on raconte des histoires drôles. Des gens déjeunaient à coté, une dame au fond… A un moment donné, on était en pleine pagaille, la dame s’est approchée : je suis andalouse, je croyais que c’était nous qui rigolions mais vous faites mieux que nous ! En asturies, on dit que c’était un matriarcat. Les femmes ont un caractère très fort. L’homme intervient quand la femme a fini.
... : à propos des enfants qui ne vont pas chez des amis. Je crois que tu as raison. En Asturies, les gens sont accueillants, gentils mais leur maison est fermée
...: espagnol ?
Tout le monde : oui ou non !!
...: j’ai habité en France, j’ai été bien accueillie, j’ai passé deux noël à Paris, j’ai toujours été invitée chez les uns et les autres, très souvent, même des gens que je ne connais pas. Dans les Asturies, je suis invitée chez des collègues et des amis mais je connais des gens qui se plaignent de n’être jamais invités. On n’aime pas recevoir des gens dans notre maison. J’ai habité entre jeunes et on invitait beaucoup et il fallait faire le ménage, se répartir. Ici j’ai invité des gens et ils n’osent pas venir, je ne suis pas tellement invitée…
...: ça dépend aussi des familles
...: elle a raison
...: c’est tellement bon marché d’aller au resto.
...: ça c’est une question moderne, quand j’étais petite c’était toujours à la maison
...: chez moi on m’a toujours dit, il ne faut pas accepter l’invitation à la première fois mais seulement à la deuxième ou troisième fois. En France, ça choquait les gens !
...: par rapport à recevoir à la maison, ça dépend de l’âge et des personnes. Quand j’étais petit on était toujours les uns chez les autres…Jeune mariée je recevais beaucoup, maintenant non.
...: avant, la mère était toujours à la maison…
...: ma fille ne travaille plus et garde les enfants ; elle a toujours sa maison pleine !
...: c’est vrai, à l’école de mes enfants, tout le monde travaille..
...: on est un peu fermé, une certaine timidité…
...: Il y a une différence ici aussi c’est la parole : quand un castillan dit une chose, il le fait. En Asturies, sin sustancia, il n’y a pas d’engagement. En Castille, on donne sa parole.
...: ici, pas du tout !
...: au marché, on faisait les accords en serrant la main.
...: Une personne qui ment, tout le monde le savait et on ne comptait plus sur elle : c’est la pénalisation sociale, elle est forte contre le mensonge, le manque de parole.

Condé 37 - avril 2009 : "Napoléon"

En effet, en janvier, février et mars, les choses se sont bousculées et les condés 34, 35 et 36 n'ont pas fait l'objet de notes...
voici avril...


Vicky nous présente Napoléon...

J’ai choisi ce personnage car il est incroyable : génie militaire, excellent diplomate d’un côté et de l’autre, ambitieux et autoritaire : il combine à la fois la légende dorée et la noire. Il y a des personnes qui le détestent ou qui l’adorent mais c’est difficile d’être indifférent.
Il est né à Ajaccio en 1769. Son père s’appelait Cargo, sa mère Laetitia. Il est né quatrième mais ses deux frères ainés sont morts. 13 enfants dont 5 morts. Petite noblesse corse, père avocat mais personnage faible. L’île est pauvre et la famille n’est pas riche.
Il a pris parti contre Paoli, le gouverneur de Corse, en faveur de la France, et il doit s’enfuir. Laetitia s’est mariée à 13 ans, c’est une femme forte mais sans éducation. J’aime beaucoup sa jeunesse car la suite on la connaît tous. Elise a étudié à St Cyr, Joseph et Napoléon vont au collègue d’Autan. Joseph était destiné à une carrière ecclésiastique. Napoléon va à l’école militaire avec la bourse du roi. Va à Brème le Château. Y reste 5 ans, bon élève, doué pour les mathématiques, peu apprécié par ses camarades, propension à l’art du commandement, il organisait les jeux militaires, une bataille de boules de neige a fait sa légende. Joseph finalement étudie le droit.
Napoléon passe le concours d’entrée à l’école militaire de Paris. Son père meurt d’un cancer à l’estomac. Napoléon considère son frère Joseph trop faible pour devenir le chef de famille et le devient. Va en garnison à Valence au régiment d’artillerie. Retourne en Corse. Il lit beaucoup, prend des notes, ... A la révolution, Napoléon a 19 ans. Il est spectateur de l’émeute des Tuileries, méprise louis XVI en même temps que celui-ci le nomme capitaine. C’est d’ailleurs le dernier acte public du roi. Napoléon devient commandant et fait ses premières armes à l’expédition de la Maddalena en 1793. Devient chef de bataillon à la demande de Robespierre. Renvoi les anglais, est ami avec les Jacobins, se fait arrêter en 1794.
Je préfère raconter l’histoire de la famille. Toute la famille va à Marseille. Napoléon était général. Il connaît la famille Clarie, marchand de vin, riche. Deux filles : la première se marie avec Joseph. L’autre était Désirée. Elle devient la fiancée de Napoléon. Elle l’a aidé quand il était en prison. Il devient amoureux, ils sont promis. Il va a Paris pour aider son ami Barras. Il arrive à Paris, il connait Joséphine de Beauharnais, qui a du charme. Barras vivait avec Teresa Cabarusse. Il ne rentre pas à Marseille. Désirée va à Paris, elle sait que Napoléon est dans une fête chez Barras. Elle trouve Napoléon avec Joséphine, toutes les femmes étaient habillées de façon dénudée, elle pleure... Elle sort, elle tente de se suicider (on n’est pas sûr), le maréchal Bernadotte apparaît et l’aide puis ils se marient. Napoléon épouse Joséphine. Leurs vies ont toujours été liées : par le mariage de leur frère et soeur, par le mariage de Désirée avec Bernadotte qui est proche de Napoléon, puis, lorsque Bernadotte devient roi de Suède, Désirée revient à Paris, son fils reste en Suède. Quand Napoléon décide de divorcer de Joséphine pour se marier avec Marie-Louise d’Autriche, Désirée conseille les uns et les autres, elle est encore là pour le couronnement…

Débat
Q : pourquoi tu as choisi Napoléon ?
R : il est parti de rien et avec son ambition il a fait des choses incroyables. Cette ambition l’a perdu. Ses hommes l’adoraient, ils mourraient pour lui. Mais il a voulu trop. Il a eu trop de morts. Il a vu trop grand.
Q : même chose que sa relation aux femmes ?
R : il avait des maîtresses partout. C’était peut-être une chose de l’époque car Joséphine avait des amants partout. Pauline, la soeur de Napoléon était très jolie, n’était intéressée par rien seulement par elle, elle voulait être la plus belle, ses coiffures, ses bijoux et les hommes. Et Napoléon décide de la marier au Général Leclerc, riche et important. Mais elle avait des amants partout. Dont un acteur qui parfois ne pouvait pas aller jouer au théâtre ! Napoléon envoie Leclerc et sa femme en Martinique. Leclerc meurt au bout de 4 mois. Pauline revient en France, veuve avec de l’argent, elle est très heureuse. Napoléon voit le danger et décide de la marier encore. Choisit le prince Borghèse. Ce fut une bonne chose car, quand toute la famille tombe à la chute de Napoléon, elle reste princesse sous la protection du pape.
Q: Quand Napoléon est venu en France, il ne parlait que l’italien car la Corse était française depuis peu. En France, depuis la révolution, il y a le service militaire obligatoire. Il avait une armée énorme ! En Espagne on avait les quintas : en cas de conflit on ne pouvait prendre que la 5ème partie des hommes en âge sauf les héritiers ou les fils d’une veuve.
Vicky : si on étudie la vie de Napoléon, il réussit tout en peu de temps. Consul de France, réforme, 130 départements en France, président de république italienne, roi d’Italie, médiateur suisse, dirige l’Europe continentale, sa famille est sur tous les royaumes... Ses échecs : l’Angleterre, la Russie. En ce qui concerne l’Angleterre, Wellington a profité des guérillas en Espagne pour envahir la France. L’Espagne n’avait pas d’armée (la loi des quintas ou on ne peut enrôler qu’un 5ème des hommes en cas de conflit) mais elle savait détruire par guérilla. Pour chaque invasion, les français devaient vivre de se qu’ils trouvaient dans le pays. Les espagnols disaient qu’ils n’avaient rien.
Q: Napoléon a inventé les aliments déshydratés pour ses hommes.
Q: a offert un prix de 10000 francs pour celui qui arrive à conserver les aliments : Nicolas Appert. Avec l’approbation du conseil de santé de Brest. Conservation en verre.
Vicky : en Espagne, il n’avait pas encore ça. Les français sont rentrés quatre fois et on les a sortis quatre fois. C’était la première fois que Napoléon avait à lutter contre un peuple et non contre un roi.
Q: que pense les français aujourd’hui de Napoléon ?
Q: c’est un Dieu ! Il a fait quand même beaucoup trop de morts ! Mais moi je suis anti-militariste.
Q: on a une expression quand trop de garçons naissent dans une famille : c’est de la chair à canon.
Q: on se bat pour le pouvoir, on fait se battre les autres, malheureusement. La guerre ce sont des gens qui ne se connaissent pas et s’entretuent...
Q: ils étaient encouragés par le Général qui faisait des discours pour dire qu’on mourrait pour la gloire, le pays,
Vicky : en Espagne il n’y avait pas d’union. Je connais l’indépendance d’Asturies : il n’y avait pas cette idée d’union d’un pays. Dans le traité de Fontainebleau, les français étaient censés ne venir qu’à 10000 hommes en Espagne. Mais quand ils sont rentrés ils étaient déjà 1 millions en Espagne. Il y en avait en Asturies, le consul de France a lancé des papiers en disant que les français étaient les meilleurs du monde. Alors c’est le peuple qui a commencé à se révolter. Les français disaient qu’ils allaient en Portugal mais ils sont restés en Espagne. Il y avait beaucoup d’espagnols qui étaient pro-français (Jovellanos...)
Q : mais la guerre contre les arabes ; pays guerriers ?
R : il n’y a jamais eu l’idée d’une union espagnole. Les guerres étaient pour recouvrir des petits pays, des territoires.
Q: en Espagne, les arabes sont entrés en trombe et les gens se sont révoltés. C’était en plus une religion différente.
Q: il y avait différents royaumes arabes. Il pouvait y avoir des alliances entre Arabes et Espagnols contre un autre Arabe.
Q: les premiers envahisseurs étaient les Irakiens (622), les émirats n’existaient pas, mais c’était les arabes. Comme ils ne voulaient pas cultiver la terre, ils ont fait venir les marocains, les maures.
Vicky : c’est étonnant qu’autant de monde soit venu en Asturies alors que c’est si difficile d’accès !
Q: en France, ils ont beaucoup de montagnes aussi, et bien plus hautes… Les romains sont venus par la mer.
Vicky : Napoléon connaissait parfaitement la région d’Asturies, c’est incroyable !
Q : il était le plus grand stratège jamais connu. Il avait une intuition sur les mouvements à faire. Ça a été étudié. En Espagne, c’était le grand désordre.
Q: en Galice on aimait tant les français que les chiens s’appelaient Soult, Ney !
Q : ses femmes l’ont-il quitté à sa fin aussi ?
Vicky : Oui, toutes l’ont abandonné sauf Joséphine qui était déjà morte.
Q : on a analysé les restes de Napoléon et on a vu qu’il a été empoisonné !

samedi 18 avril 2009

Où en sommes-nous déjà ?

Rien depuis Noël ? Non ! Hélas, le temps nous a pris de vitesse. C'est la faute à l'Europe dit mon fils. Oui, c'est un peu vrai : depuis que nous avons décidé de traiter ce thème dans l'esprit existe-t-il une identité européenne, la mauvaise chance nous poursuit. Notre orateur a des réunions puis tombe malade, notre secrétaire perd son papa et file dare-dare en famille, bref, l'Europe ne nous réussit pas.
Espérons que Napoléon nous porte chance... Le condé d'avril, animé par V...

lundi 9 février 2009

Condé 33 : La fête de Noël 2008 à l'Alliance

Impossible de noter en mangeant cette année !
L'empanada, la salade de pâtes à la roquette, les fameux sandwitchs, les extraordinaires bollos, le magret et sa brioche maison, le tout arrosé du vin de Huesca...
"Tu peux y aller" !

Les desserts sont aussi savoureux : tarte aux fruits maison, gâteau minute (chocolat moelleux), moscovites avec la sidra el Gaitero...

On en profite pour corriger le concours de noël de l’Alliance : les élèves (on dit maintenant les apprenants) ont tous dessiné ou rédigé sur leurs résolutions 2009… Les enfants, les adultes (quatre niveaux - parfois on se demande si ce n’est pas un copié-collé tellement c’est poétique…

Condé 32 (27 nov. 08) : les légumes et les fruits, exemples à l'appui !

Dégustation et commentaires :
Omelette de courgettes et pâtes aux courgettes : la courgette fait partie de la famille des cucurbitacées. Vient du latin. En espagnol : calabacín, de la même famille que calabaza. On ne sait pas si ça vient d’Asie (Egypte) ou d’Amérique.

Caviar d’aubergine : berenjena en espagnol. Un mot arabe qui vient de Perse. On l’appelle en France de façons différentes (melansane qui vient de l’Italien et du grec melansana ; verijane qui vient de l’arabe Perse ; en Martinique on l’appelle bringelle). Presque un symbole de la concorde, amitiés, entente entre les peuples arabes, juifs et chrétiens.
Comment fait-on le caviar : aubergine (très cuite), citron, ail, graines de sésame, huile, sel, poivre.
On teste aussi la courgette crue que l’on trempe dans le caviar d’aubergine.
- ça me rappelle la feuille d’endive avec un anchois : l’endive on dit chicon dans le Nord de la France. Ce qui est en relation avec la chicorée ou, en Espagne, on dit chicoria, qu’on rajoute au café. On l’appelle aussi pour la salade.
- le céleri feuille…
- pas la même chose que céleri rave (le bulbe).
- j’ai connu l’utilisation du salsifi en France. On la mange comme ça en France. En Asturies on varie très peu en légumes (on a le chou frisé, les blettes, les choux de Bruxelles, les choux-fleurs), les autres viennent de la méditerranée. On trouve même des radis à Carrefour. Ça a le goût de noisettes !
- et la soupe de queue de radis ! Hum ! C’est comme la crème fraîche épaisse, on n’en trouve que dans les boutiques françaises.
- moi je fais des omelettes avec les feuilles mais je ne savais pas si on pouvait le manger !

- les blettes, on les appelle acelga : c’est du grec puis passe en arabie, devient alcilga. On l’appelle aussi bete, poiré. C’est une variété de betterave commune. Les celtes l’utilisaient 2000 ans avant JC. Les grecs l’appelaient sikelos et l’utilisaient comme offrandes à Delphes. Charlemagne en a prescrit la culture en France depuis l’année 800. On en mangeait beaucoup au Moyen âge.
Figue : le même mot partout en Europe. Louis XIV aimait beaucoup les figues, il a ordonné de planter 700 variétés de figues ;
Haricot : vient de l’astèque : Ayacol on l’a trouvé en Italien comme araco en 15… ; mais vient aussi de l’autre coté. A un moment donné on le trouve écrit fève, fava. Après le Québec utilise seulement fève et en France seulement haricot.
- on a deux sortes d’haricot…
- Judia y al’luvia : tous les deux viennent de l’arabe.
- les phéniciens avaient tout ça avant…
- c’est un mot, comme la courgette qui fait le tour du monde…
- la phonétique espagnole vient du grec, ramené par les romains.
Voir Asterix en Hispanie… !
Tout le monde adore !

Qu’a-t-on comme légume dans les chocolats ? Des fruits : citron, orange… du latin…
abricot du latin et albaricoque de l’arabe al’bacuq
Zanahoria : seulement en espagnol c’est différent : vient du basque ou de l’arabe ?

On mange aussi des petits gâteaux à la noisette – Avellana.
Diminutif de noix. Dérive du latin « nux avellana » qui signifie noix d’Abella, ville d’Italie où elles sont cultivées et célèbre aussi pour ses pommes. Actuellement appelé Avellino. Abella dérive du mot étrusque « abblona » qui signifie pomme.
Quat à l’origine du mot « sabotage », en espagnol « sabotaje », on m’a raconté ma prof de L’école de langues d’A Coruña une belle histoire :
Pendant l’époque de l’industrialisation à Lyon, les travailleurs du textile faisaient des grèves pour conserver leur travail et ils mettaient leurs sabots dans les machines à fin de les abîmer. C’est pour cela que le mot « sabotage » est né à Lyon au XIXème siècle.

Condé 31 (30 oct. 08) : Mondialisation et reconnaissance

Mondialisation
Présentation des articles de Pierre Noël Giraud : sur l’économie et la finance, histoire de mieux comprendre ce qu’il se passe en ce moment (crise financière qui empiète très rapidement sur l’économie « réelle »).
Un peu de présentation sur ses livres : Giraud est économiste renommé et toujours attentif à son lecteur. Ses ouvrages et articles sont généralement accessibles aux néophytes malgré une précision et une finesse du propos (voir son site où on trouve de nombreux articles en ligne :
http://www.cerna.ensmp.fr/giraud/)
Proposition pour 2009 : Lire "Prospective économique mondiale".

Reconnaissance : petite introduction à Axel Honneth
Axel Honneth est un philosophe allemand de la théorie de la reconnaissance. Pour lui, l’individu (« un soi à part entière ») se constitue grâce à trois formes complémentaires de reconnaissance appartenant à trois sphères différentes : l’amour qui permet de construire une confiance en soi, la justice qui favorise le respect de soi et la communauté qui augmente l’estime de soi. Voir aussi
http://fr.wikipedia.org/wiki/Axel_Honneth.

Son texte face aux manifestations des français contre le CPE : nos remarques
- Le CPE est une idée de Dominique de Villepin quand il était premier ministre. C’est un contrat de deux ans sans assurance d’embauche à durée indéterminée. Comme en Espagne, les contrats « basura ».
- L’administration fait ça tout le temps…
- J’ai eu ça pendant 23 ans, avec des illégalités… J’ai du passer plusieurs examens…
- Pas la même chose de vouloir du travail et de chercher à être reconnu par le travail
- Mais en Espagne, le travail n’était pas reconnu…
- Pourquoi ça [les manifestations des jeunes français contre le CPE] ne se passerait pas en Allemagne : parce que les allemands ils s’occupent de penser, les français ont la pratique de faire la révolution. On est tous les enfants de la révolution.
- Etre reconnu dans ton travail c’est difficile. Si tu es prof d’anglais, tu ne seras jamais reconnue. Tu répètes, tu répètes. Les élèves, un jour découvrent qu’ils savent parler anglais mais ils ne font pas le rapport avec le rôle du prof.
- C’est le problème de l’éducation en général (le rôle des parents par exemple).
- Les étudiants ne sont pas conscients qu’ils apprennent, ce n’est pas une mauvaise intention.
- C’est que la reconnaissance petit à petit n’existe pas… La reconnaissance des petites choses est très difficile. Voir la citation de Victor Hugo : "On est toujours ingrat pour le don du nécessaire, jamais pour le don du superflu. On en veut à qui vous donne le pain quotidien, on est reconnaissant à qui vous donne une parure". C’est comme l’enfant qui est toujours avec sa mère et l’ignore, alors le père qu’il ne voit que le soir est fêté…
- Il existe un contre-exemple intéressant : la TPM dans l’industrie. C’est une méthode importée du Japon qui consiste à ranger et nettoyer son atelier pendant l’usage. C’est comme le ménage à la maison mais c’est plus « noble » car ça vient des japonais qui sont des leaders en matière d’organisation industrielle. (voir
http://fr.wikipedia.org/wiki/Maintenance_productive_totale).
- C'est toujours une question d’éducation. En classe, j’avais un chinois qui travaillait tellement au restaurant de ses parents qu’il s’endormait à l’école ; il faisait son travail pendant la récré…
Il faut changer notre façon de vivre en occident, on a trop de choses, on est trop dans la consommation…
- A propos du texte de Giraud sur l’égalité sociale, économique, homme-femme. Mais il n’y a pas d’égalité génétiquement…
Tout le monde : oui, l’égalité en soi n’existe pas… C’est respecter la dignité de chacun qui importe.
- C’est injuste si les écarts de salaire sont trop importants. Par exemple, sur nos horaires de travail, il parait qu’on est divisé en « buho » et « alouette ». C’est la façon d’être de chacun, il faut le respecter.
- Mais pas tout le monde est dans la place qui lui convient par rapport à ses qualités. Le problème de l’égalité des chances…
Très peu d’industries ont une politique sociale développée.
- En Suède… il existe les horaires variables.
- On travaille bien cinq heures au plus. On a toujours les horaires du XIXè siècle.
- On a des horaires méditerranéen. On n’ouvre pas l’après-midi (santé, banque, administration, …) Injustice espagnole est séculaire.
- Proposer de travailler l’après-midi. Il a beaucoup de résistance… On mettait des activités privées l’après-midi. Ca vient du XIXè. Déjà chez Mariano José de Lara « venez demain ». Grave pour la probité espagnole...
- Chaque fois que le gouvernement changeait, les fonctionnaires aussi. À l’époque de la république aussi.
- Ils voulaient encore ça il y a quelques temps !
- Ne pas travailler l’après-midi est intouchable en Espagne…
- Expérience du colégio Cabuenes. Les enseignants veulent la journée continue (Cabueñes est un des deux seuls collèges sur Gijón qui a la journée en deux parties). Ça veut dire que les enfants mangeraient à 14h et 15h… Que font alors les parents qui travaillent l’après-midi ?
- Vous avez plus d’expérience en France. On faisait grève pour avoir 1% de plus de salaire. Leçon : si on fait pour 5%, on ne l’aura pas et il faudra payer au ministère de l’économie et on aura que 1¨% au final. En Espagne, on fait des grèves jusqu’au bout. En France on fait des grèves pour que le salarié souffre le moins possible. Les syndicats couvrent 75% des salaires en cas d e longue grève…
- En Espagne, on est peu protégé. On écoute ceux qui ont du pouvoir. Ex : un collègue très bien considéré par les patients mais personne n’écoute les patients, on l’a changé de poste, on voulait le renvoyer.
- Il avait tous les médecins contre lui,
- Les infirmières aussi… Il a été très mal considéré, banni, on lui a diminué le salaire. Il restait plus longtemps que les horaires accordés par les syndicats.
- Ben moi aussi j’aurais peut-être été contre lui !

lundi 19 janvier 2009

Condé 30 (sept. 2008) : Traité de l'efficacité, entre l'Occident et l'Orient...

Présentation du livre de François Jullien (1996) par B.
1 - D'après un séminaire de présentation en présence de l'auteur en novembre 1997
L'auteur a écrit un livre : "Le traité de l'efficacité" qui présente les caractéristiques chinoises en se basant sur les écrits philosophiques et stratégiques chinois pour interroger les partis pris de notre raison occidentale en se basant également sur les écrits philosophiques, en particulier Aristote.
Ce dernier "pense" la praxis (au sens de la conduite) dans le décalage entre la pratique et la théorie. L'efficacité se définit en deux étapes : (1) la conception, le plan sont les formes idéales posées comme but, et (2) un effort de volonté pour rentrer la réalité dans le modèle. Aristote n'oublie pas la prudence (phronesis) et l'intelligence pratique (mètis) mais ne les théorise pas, de même qu'aucun philosophe par la suite.
On retrouve ces notions dans un livre de Detienne & Vernant (Mètis ou les ruses de l'intelligence, 1974) se basant sur les mythes et non pas sur les théories.
En Chine, c'est le contraire : l'efficacité se définit comme la détection de ce qui peut être mobilisé, c'est-à-dire le potentiel inscrit dans une situation. Il n'y a donc pas comme en Europe cette double notion de "moyens/fins" et "actions/occasions".
François Jullien étudie en parallèle cette absence de questions chez les chinois et le fait qu'elles semblent indispensables à la pensée européenne. Pour les chinois, tout n'est que processus pensé sous forme "conditions/conséquences" : il faut aménager les conditions en amont pour que les effets découlent naturellement et indirectement/ En d'autres termes, ne pas forcer les faits, ce qui revient à "biner autour des pousses au lieu de tirer sur les brins d'herbes". En occident, c'est le thème de l'action que l'on retrouve dans l'épopée (action héroïque) et le théatre (le drame). La philosophie chinoise est au contraire celle du "non-agir" en vue de l'efficacité, ce qui revient à limiter les efforts et les résistances pour éviter les risques.
Si en occident il existe toujours quelque chose qui échappe à l'entendement (Dieu, le hasard, le destin), ce n'est pas le cas pour les chinois car il suffit que les conditions soient réunies pour que les conséquences découlent. Le sage n'agit pas, il transforme. La transformation est globale, dans la durée, ne se démarque pas, on n'en voit que les effets ; contrairement à l'action qui est locale, assignée à un sujet, spectaculaire et de court terme.
Le plein régime de l'efficacité c'est de ne pas forcer, de savoir faire basculer l'ennemi de son côté (et non pas le détruire) : "Les troupes victorieuses sont celles qui ont gagné avant d'engager le combat" (il ne s'agit pas d'attendre le moment du combat, tout est dans la préparation, contrairement à la conception grecque du "Kairos", l'occasion, le moment juste et décisif).
Le sage chinois est celui qui voit le danger avant qu'il ne se manifeste, c'est une philosophie de l'anticipation et non de la projection, il faut alors savoir profiter d'une tendance inscrite dans une situation pour intervenir. Par exemple, le terme "porteur" est central en Chine alors qu'il est inexistant en occident : si rien n'est porteur, le chinois se met sur la touche, et attend un facteur favorable pour intervenir, ce qui arrivera forcément puisque tout est transformation. Les penseurs en stratégie occidentale (Machiavel, Clausewitz) ne pensent pas à l'efficacité mais au sujet, à la gloire, au plaisir, au prince. Pour le chinois, il y a disparition de la notion de risque, d'audace, de plaisir. Le prince éclairé se fond dans la situation, se sert de l'immanence. "L'idéal de l'efficacité c'est la facilité". Il n'y a plus de héros mais un art de gérer discrètement le cours des choses".

Suit un débat avec un directeur de recherche qui défend les couleurs de la gestion et de l'économie européenne : pour lui, la Chine n'est pas si dépaysante. L'Européen y retrouve ses actes de tous les jours. En revanche, il regrette qu'on n'y trouve pas de définition de l'efficacité, de typologies de l'action et de la stratégie, indispensables pour l'économiste. Il pense que la rationalité (pensée occidentale) peut penser l'interaction car l'occasion fait justement évoluer le plan, ce qui est une transformation.
Réponse de F. Jullien : la Chine ne modélise pas, elle reste "collée" au quotidien alors que la pensée occidentale à décollé, elle est donc moins familière.
Autre débat avec une professeur en Ressources Humaines en France et en Chine : elle a mieux compris les réactions des chinois à l'égard de son cours. Par exemple, le français dira "il faut convaincre un adversaire" alors que le chinois dira "il faut l'amener à faire ce que l'on souhaite" ; c'est l'opposition de la mobilisation de la force et de la circonstance (faire en sorte que).
Pour finir, Jullien dit ne pas faire l'apologie de la pensée chinoise mais souhaite ouvrir à... De la même manière que le chinois sait manipuler les conceptions occidentales depuis que la Chine est rentrée sur le marché mondial.


2 - Résumé du livre
Ce livre présente deux conceptions du monde qui se retrouvent dans l’usage du mot « porter » : « Se laisser porter par ».
Un facteur porteur indique une certaine indépendance dudit facteur de la volonté de celui qui énonce la proposition : par exemple, un chef d’entreprise dit que le marché est porteur. Ce marché existe, on peut y prendre appui ; il évolue sans que l’entreprise agisse forcément dessus (un certain potentiel est inscrit dans la situation), on peut repérer la situation pour qu’elle soit profitable (ce qui consiste à recueillir des fruits éventuellement différents de qu’on aura semé : plus riches…)


Efficacité grecque, efficacité chinoise
La conception grecque de l’efficacité consiste à édifier un modèle (une abstraction de formes idéales) projeté sur le monde, projet qu’il faut réaliser grâce à la volonté. « C’est la tradition du plan dressé d’avance et de l’héroïsme de l’action » (moyens-fin ou théorie-pratique).
L’efficacité entendue en Chine (source sur la guerre, le pouvoir et la parole entre le VI et le IV siècle av. JC) consiste à recueillir l’effet du déroulement d’une situation pour mieux réussir dans le monde : c’est la logique de l’implication (Jullien l’appelle « Stratégie).
Il s’agit d’opérer un décalage de pensée (déplacer par rapport à nos habitudes et ôter la cale – ou le cadre pour remettre la pensée en mouvement) :

- « faire la réalité » = Rationalité (délibération préalable) + hasard (donc attente du moment pour agir)
versus
- « laisser advenir la réalité » = creuser l’évidence (s’informer sur les autres ressources de la situation et les rapports de force) + mesurer la propension de la situation (jusqu’à ce que la transformation soit bénéfique).

Jullien remarque qu’il faudrait alors changer notre langue qui reflète nos partis pris théoriques.

Références : la guerre, la politique, la parole
On remarque également que les exemples sont pris dans :

1) la guerre : situation simple où il y a un ennemi à faire disparaître – soit en le détruisant, soit en l’enrôlant. L’important est soit l’action au « bon moment » (kairos, l’occasion qu’il faut prévoir), qui se voit et se prête au récit héroïque ; soit la continuité de la transformation (scruter la moindre fissure), qui dure (savoir attendre) et passe inaperçue, n’offre rien à raconter.
Plaisir du risque de l’aventure contre fadeur mais vertu (effectivité) du non-agir. Logique de la transcendance (« l’agir est empreint d’une certaine extériorité, qui l’oblige à s’imposer », p.120) versus logique de l’immanence (« réagir implique de coller à la situation (l’autre) »).

2) la politique : le despote chinois n’a plus à diriger, la contrainte devient naturelle ; la morale occidentale matérialisée dans la délibération sur l’action future.

3) La rhétorique
- Le temps : une perception différente.
Ex d’application : la prise de RV
Un chinois est ponctuel, ne remet pas un RV : la situation a changé mais le RV servira à autre chose. Un occidental annule un RV dès que le but a changé…
Quelque chose adviendra mais ce sera peut-être sans moi et on ne sait pas quand…
- Le vide et le plein :
Le vide permet à l’effet de s’exercer : remplir. « Le vide est le fond latent de toute chose » (et non pas le non-être métaphysique, p.133) [comme le désert est un réservoir de vie attendant la pluie]
Ex : le trop plein de règlements empêche l’évolution de la société à son gré.
« tandis que le plein est toujours limité, qu’on en voit déjà le bout, le vide est inépuisable »
- Penser l’interdépendance des contraires (le tracé est la trace) :
L’effect = processus de l’effet
La notion d’effect est plus riche que celle d’effet : c’est un avènement et non un résultat visé, c’est l’effet en cours, il est conséquence du processus (condition).
Il n’y a donc pas d’individualisation ni de volonté : « La pensée chinoise se refuse à la mise en valeur du sujet comme à son envers ascétique (le moi haïssable) » (p.218).
- Manipulation versus persuasion :
Manipuler c’est conduire l’autre par avance à adhérer : forcer l’autre à parler, à se dévoiler, à ne plus se contrôler, à se rendre transparent. C’est se conformer à l’autre pour le dominer, à l’image de l’eau.

3 - expérience de B. :
Je donne un cours à l’université où je fais référence à l’importance de tenir compte des différentes cultures. Le cours est basé sur des jeux de rôles de situations en entreprises. L’année dernière, je me suis trouvée trois fois avec des chinois qui venaient étudier en France (phénomène nouveau). L’un deux, jouait le rôle d'une personne qui est plutôt en retrait habituellement du reste de l’entreprise mais qui, dans la situation donnée, avait des informations très intéressantes sur un problème que ne réussissait pas à résoudre le reste de l’entreprise. Lorsqu’un français joue ce rôle, il ne peut pas s’empêcher de parler, de dire ce qu’il sait du problème. Mais, généralement, les autres ne l’écoutent pas car ce personnage est trop en décalage en général et on ne lui fait pas confiance. Le chinois n’a rien dit. A la fin du cours, je lui ai demandé pourquoi (peut-être ne parlait-il pas bien le français). Il m’a répondu : « La situation n’était pas porteuse ! »… Ce qui est exactement le résumé que l’on peut faire du livre de François Jullien sur les comportements de chinois et les explications qu’eux-mêmes en donnent.


4 - Débat
- Diriger discrètement le cours des choses, attendre la situation porteuse... Vient de la religion confucianiste. Ca reste encore, la pensée fondamentale de Mao Tse Toung et c’est pour ça qu’il a gagné. On le voit encore maintenant. La chine avance avec une croissance de 10%, les Etats-Unis demandent même de l’aide aux chinois. Les chinois ne se précipitent pas, les américains se précipitent. J’ai lu un livre écrit par le général Chassaing qui décrit comment Mao s’est imposé partout (contre Tchang kai check qui combattait toujours sous l’impulsion de l’amérique). Il fallait conquérir le nord, c’était long et difficile, Mao s’est retiré (la grande marche), il a laissé la partie occidentale en attendant. Il a finalement gagné la guerre par sa patience. Il était plus confusionniste que communiste. On n’est pas préparé nous à combattre avec les chinois si on parle de guerre économique…
- Il y a maintenant à l’est de la Chine (à Shangai) le capitalisme...
- Il faut avoir en tête la conception de l’individu présente en Grèce mais pas en Chine, ce qui explique la démocratie occidentale. La Chine croit dans la masse.


- Les européens comme héritiers des grecs : nous avons un projet et nous mettons toutes nos forces pour faire le projet. Les Chinois, ils laissent la chose faire en préparant les conditions. Je pense que le projet c’est nécessaire partout parce que laisser faire, laisser passer, c’est la conception libérale de l’économie. Pour faire les choses si importantes que fait la Chine, il faut un projet… La grande muraille a été un grand projet, un grand effort. Aujourd’hui, la Chine a lancé une fusée avec satellite, ce n’est pas possible aujourd’hui de laisser faire !
- Attention, préparer les conditions c’est aussi quelque chose. Mais c'est différent du modèle dans lequel doit se mouler la réalité.


- Mao avait un projet : pour détruire la féodalité (encore en 1959). Il a interdit la noyade des nouveaux nés qui étaient une pratique courante quand on n’avait pas les moyens de subsister. On vendait les filles comme esclaves. La population grandissait tant qu’il a interdit le mariage très tôt et obligé l’enfant unique. Mao était un héros, les chinois l’ont porté comme un dieu. Son portrait est encore partout. Personne n’ose le critiquer, c’était un vrai dictateur. Il a enlevé la terre aux seigneurs pour la donner à ceux qui la cultivaient.


- Je suis d’accord que l’individu ne compte pas en Chine. Pour nous, c’est très compliqué. C’est tellement inconnu pour nous, surtout nous Espagnols. On n’a aucun vol pour l’orient. Ailleurs en Europe, ils ont commencé à apprendre mais nous on est ignorant. On voit ce qu’ils sont capables de faire avec les J.O.


- On a aussi redécouvert que les gens étaient persécutés sous Mao, les livres étaient emmurés dans la maison. Confucius, c’est peut-être une petite partie de la Chine… C’est un livre qui est largement vendu en Europe… Il parait que le statut de la femme était très important (XVème au XVIIIème)…

- Pour les basques, l’individu non plus n’existe pas.

- J'ai lu beaucoup sur la philosophie et pas sur les questions du marché. A propos du plan, il reste principal et on l'adapte aux circonstances (et non "on adapte les circonstances"!).

- Je voudrais mettre en relief l’opposition entre l’orient et l’occident qui est l’individu et la masse. Combien de gens on a employé pour construire la grande muraille ? On a réussi à draguer les fleuves… La grande force en Chine, on pense à la famille, au clan et à la masse. J’ai entendu qu’il y a beaucoup d’engins agricoles qui sont tirés par des hommes : on dit que c’est l’animal le moins cher, le plus efficace et le plus intelligent. La Chine était beaucoup plus avancée que nous au Moyen-âge (l’imprimerie, la boussole, …). Je crois que les chinois ont cet orgueil qui leur donne l’envie de lancer des fusées. Attaques ou cohésion ? Mao a choisi de faire la cohésion mais il n’a pas été doux.


- Il faut distinguer les gens qui habitent dans une grande ville et qui ont un contact avec les occidentaux et ceux qui vivent dans les villages et qui continuent peut-être à vivre la féodalité. Ils ont l’occasion de s’intégrer au monde moderne quand ils ont des enfants qui vont à la ville. Ils ont une philosophie de l’acceptation car ils n’ont pas le choix et ils arrivent mieux. Je n’ai pas de connaissance de la Chine sauf à travers les films. On voit la vie de la grand-mère qui est seule dans le village et qui va chercher son petit enfant de la ville qui joue au jeu video. C’est deux Chine différentes.


- A propos du laisser faire : il ne s’agit de fuir si la situation n’est pas porteuse mais d’attendre… ce n’est pas le libéralisme économique ni le « j’m’en foutisme ».


- J’ai lu beaucoup Mao. Il disait qu’il a choisi le communisme car c’était le seul moyen de se développer à cette époque. Mais pour l’avenir il ne pouvait pas prévoir. Il pensait que ça pouvait aller vers le capitalisme. L’important c’était de faire avancer la Chine et d'en finir les deux problèmes fondamentaux : manger (plus de famine depuis les années 60 ; l’Inde n’a pas réussi à le faire) et sortir de la féodalité décentralisée et chaotique : il a centralisé et mis en place des impôts, des plans de développement et une monnaie. Il a mis en place un système pré-capitaliste. Sur le statut de la femme : il donnait des recommandations pour que la femme ne soit pas battue et qu’elle ne porte pas les chaussures qui rétrécissent les pieds (le statut de la femme s’était dégradée après le XVIIème).


- Je me rappelle du film « la petite couturière » (Balzac et la couturière) : ça se passe dans un petit village isolée. Il y a deux persécutées qui ont été envoyées dans la montagne. On nous met dans des talons de 12 cm c’est comme les chaussures de fer… C’est vrai que l’esclavage continue. Je connais quelqu’un qui va régulièrement là-bas et toutes les deux heures, ils ont une minute de repos. On a l’expérience ici : ce sont des commerçants, ils travaillent tous les jours et dorment sur leur lieux de travail.


- Les chinois ont été déchirés du reste du monde par le désert de Gobi. C’est un désert épouvantable. Je pense que la muraille, il l’ont faite pour (les mandarins) empêcher les idées de rentrer et les gens de sortir…


- Il y a une légende noire sur les chinois en Espagne. J’ai entendu que les chinois venaient ici et on ne voit les morts, ils se mangent ou quoi ? ils ne meurent pas ? j’ai un ami à Madrid qui connaît beaucoup les chinois qui viennent en Espagne : tous les chinois qui sont ici appartiennent à une partie de la Chine. Ils restent ici pendant un temps et ils repartent, c’est pour ça qu’ils sont jeunes ! Ils veulent être enterré chez eux.


- Mon ancien élève était chinois et sa mère a été enterré ici ; il est guardia civil ici ! c’est le premier faire part de mort chinois.


Condé 29 (juillet 2008) : nos p'tits plats de fin de saison

V. nous a fait des sandwichs à la salade : « J’ai fait les sandwichs parce que M. me l’a demandé. Quand ma mère les faisait, on retirait la croûte. Je mets un torchon humide pour qu’ils restent bien mous… »
T. nous a préparé l'empanada à la béchamelle : « parce que V. me les a demandé ! J’en ai mangé la première fois chez C. T. C’était Maria qui les avait faits. Maintenant Maria travaille chez V. et elle dit qu’elle ne sait pas les faire ! »
Mi. nous a apporté des tortillas à tous les goûts avec du vin italien Lambrusco : « Le vin m’a été offert. Il est frais mais comme il fait chaud, il n’est plus aussi chaud que quand je l’ai sorti du frigidaire chez moi ! Les tortillas sont au chorizo, au poivron, aux champignons et à la pomme de terre. Je les ai acheté chez Crol. Crol, c’est une manière d’écrire crawl car les enfants de l’ancien propriétaire nageaient ! »
M et des gâteaux pâtissiers avec du Rioja : « Quand j’avais 15 ans, je suis allée avec un groupe à une cave à vin à Malaga, pour goûter. J’ai goûté tous les vins, les autres aussi. Quand on est sorti, en plein soleil, on a tous vomi ! C’était ma première expérience avec l’alcool ».
F. rapporte aussi du Rioja : « Je reste française car c’est comme cela que j’ai trouvé du travail. Le vin m’a été offert il y a 15 jours par un ami architecte à qui on a prêté notre voiture pour aller retrouver ses anciens camarades d’études (il y a 60 ans) et les promener autour de ses créations (la casa del mar, la caseta n°12, l’école d’ingénieur) ».
B. &N. nous font goûter au gâteau minute (au chocolat) avec une salade de fruits frais (melons, pommes, poires, clémentines, menthe, pêche, kiwi) : « Le gâteau minute prend environ 10 min. pour être fait et cuit ! C’est une recette française pour femme toujours en retard comme moi… On dirait qu’il a du succès… Disons qu’il est plutôt gras et sucré mais la recette est secrète ! »
M.J. nous fait profiter des moscovitas : « Les meilleurs sont ceux de Playa ! »

Bilbliographie
Nicolas Sartorius, Alberto Sabio (2007), “El final de la dictatura: los meses que cambiaron la historia de España (noviembre 1975-junio 1977)”, Madrid, Ed. Temas de Hoy