mardi 14 octobre 2008

Condé 24 (février 08) : Marie-Antoinette

C’est notre deuxième anniversaire !

Le sujet du jour : « La reine scélérate » de Chantal Thomas
Biographie rapide :
1755 – 2 novembre, Maria-Antonia, Josefa Johana
1765 – mort de son père
1768 – l’abbé de Vermont devient le précepteur de Marie-Antoinette
1770 – 16 mai : mariage (signe l’alliance de 1756 entre la France et l’Autriche). Elle emmène l’abbé avec elle.
1778 – Naissance du 1er enfant
1780 – la France du côté de l’indépendance des américains. 29 nov. Mort de Marie-Thérèse (mère)
1781 – Naissance d’un fils
1789 – mort de son fils

Le livre : "La reine scélérate"
Le pire de ce qu’on peut dire d’un être humain. Voilà comment elle était appelée dans tous les pamphlets qui ont été écrits à son sujet. Dans le dictionnaire, on trouve la définition suivante : autrichienne, femme de louis XVI, joua à la bergère, fut guillotinée. Encore aujourd’hui, on raconte l’anecdote : « Quand le peuple lui a réclamé du pain, elle aurait répondu, mangez des brioches. C’est bien fait ce qui lui arrive ! »
Elle était très belle, elle fut applaudie parce qu’elle plaisait puis elle a été haï. Comment est-on passé de cette vision de rêve à la vision de cauchemar ? A son arrivée en France, elle a 14 ans. Tout le monde la fête. Elle séduit la cour, « en dépit de la guerre de faction qui y sévit ». Voir par exemple le film de Sophie Coppola qui montre bien cela, notamment la scène ou MA doit trouver les bons mots vis-à-vis de la « favorite ».
Chantal Thomas parle de la démarche de MA : en privée, elle est comme une adolescente, courant, sautant ; en publique, elle est souple, légère et hautaine (qui renvoie à sa fin où elle a sauté vers la guillotine comme si elle dansait).
MA est isolée et s’inquiète : « on me fait trop de compliment ».
Son couronnement tourne à la tragédie (incendie place de la concorde avec des centaines de morts)…
La mère et la fille s’écrivent tous les quinze jours ; il y a aussi des courriers du diplomate qui donne son avis sur la fille à sa mère.
Le mariage est lié aux désirs de pouvoir de sa mère ; c’est une adolescente ; son mari est bricoleur, n’a pas de favorite, ne s’intéresse pas aux femmes ; elle a beaucoup de charme ; la cour est en plein conflit ; elle ne peut pas sortir.
On lui a donné beaucoup plus de pouvoir qu’elle n’en avait. L’époque : l’indépendance américaine…
À propos de ses caprices : Marie-Antoinette joua effectivement à la bergère, elle a construit plusieurs chaumières, on venait jouer avec elle mais tout le monde n’y était pas. On raconte aussi l’histoire de l’enfant pauvre qu’elle veut adopter et surtout l’histoire du collier (elle aurait commandé au cardinal de Rouen un collier en diamant et n’aurait ensuite pas voulu le payer).
Épisodes qui enclenchent sa disgrâce : Le marieur tombe en disgrâce… Elle souffre de la maladie et la mort de son fils : dans les pamphlets on lui reproche d’avoir ensorcelé son fils.
Enfin, la révolution, la fuite, le procès (où elle fut très digne).
Quelle évolution de la société voit-on à travers cette lecture ? On assiste à une nouvelle position subjective : de l’assujettissement au roi et à Dieu vers la subjectivité, la liberté. Le reflet de ce renouveau de la pensée se trouve dans ce qui a perdu la monarchie où tout était plaisir mais uniquement dans la cour. Cette nouvelle pensée a pris Marie-Antoinette comme bouc émissaire. La révolution est toujours menée par une élite, le reste suit. Un des premiers pamphlets raconte des scènes dignes du marquis de Sade, c’est très nouveau. La vie de la cour était réglée comme une horloge, c’était complètement en dehors de la vie.

Phénomène psychologique de la subjectivité : MA a été surtout condamnée dans sa féminité ; Freud a employé la métaphore du continent noir pour décrire la femme. On parle maintenant de jouissance autre pour montrer que la jouissance féminine est différente de la jouissance masculine. Pour les hommes, c’est basé sur la comptabilité (combien de fois) ; pour les femmes, serait la mystique (voir les peintures de Michel Ange Sainte Thérèse). Elle aurait aussi attiré la disgrâce par ce côté féminin qu’elle affiche fortement alors que ce n’était pas l’usage de l’époque. Il y avait eu Marie de Médicis (voir le film sur la vie de son fils Henri IV) mais ce n’était pas la même époque (qui est la naissance de la modernité). Nous n’avons pas beaucoup évolué depuis…

Débat
- Je suis d’accord avec Napoléon qui dit que la mort de la reine est pire que le régicide. Elle a été le bouc émissaire d’une histoire plus ancienne. Louis XIV a donné des charges aux bourgeois et a fait des nobles ses valets (par exemple Molière avait la charge de maître des eaux et des forêts, Robespierre, Diderot, etc. étaient des bourgeois). Les nobles ont dû vendre leurs possessions pour avoir les faveurs du roi. Les bourgeois ont pris le pouvoir depuis ce temps. MA a été plus bête que méchante. Elle était Autrichienne. La France avait peur d’une invasion.
- L’anecdote du concierge qui a été mis dehors pour s’être trouvé en présence de la reine mal à propos. Il devait avoir beaucoup de pouvoir en effet pour s’approcher.
- La quantité de pamphlets est dû aussi au fait que c’était un des seuls moyen de communication.
- C’était une lecture pour la bourgeoisie car le peuple ne savait pas lire.
- J’ai lu une biographie par Stephan Zfeig. J’ai été très touchée. J’ai vu que MA n’était pas préparée. Elle était toute jeune. Elle arrive en France, le dauphin vient la recevoir. Elle devait laisser ses vêtements pour être habillée de neuf dans une salle pleine de gens.
- à l’époque c’était tout à fait normal.
- moi je me voyais à quinze ans toute seule là… Horrible ! Pour moi, Louis XVI, je le trouvais presque sympa. Il aimait un autre genre de vie, il était seulement faible avec un père autoritaire, avec la cour avec ses favorites. Je pense qu’il aimait MA. Peut-être pour elle, il n’était pas le prince. Elle ne savait pas ce qui se passait en dehors de la cour. On croit toujours qu’elle savait tout mais non. Elle aurait peut-être pu essayer de savoir plus… Et dans la prison, quand on l’a séparé de son fils et elle n’a jamais rien su de son fils. C’est un des mystères de l’histoire… J’espère pour lui qu’il est mort vite.
- Et ses enfants malades et morts. Le deuil dont on ne se sort pas, c’est celui d’un enfant. Elle se trouve hors tout.
- Elle ne voyait peut-être pas beaucoup ses enfants…
- Non elle les voyait souvent car elle était toute seule à la cour. Elle était très attachée à ses enfants. Elle a en effet eu choc à la mort de sa fille.
- Je vous invite à lire ce livre. Je suis frustrée de ne pas vous avoir tout dit car les pamphlets sont très scabreux.
- Ce qui m’étonne, c’est que les historiens français quand ils parlent des Louis XVI et de MA, restent à des analyses aussi faibles de leurs personnalité. La terreur et ses conséquences ont été terribles. Même si ça a donné les droits de l’homme.
- Oui en effet MA a été un bouc émissaire d’une histoire qui est longue et qui allait vers la révolution.
- Les historiens continuent à croire que la révolution est née à cause du roi et de la reine.
- C’est exactement l’opposé de ce que raconte Chantal Thomas ; les pamphlets sont un document historique pour comprendre en effet comment ce couple est devenu bouc émissaire.
- Le commérage est permanent, regarde aujourd’hui ! On emploie la revue de caricature el jueves. C’était le moyen de faire opinion large.
- La bourgeoise voulait le pouvoir parce qu’elle avait l’argent. Un livre « los ecos de la marsellesa » : explique l’économie et il n’y a une fois le nom de MA.
- Le programme de télévision El tomate. Je suis contente que cette émission soit finie car elle ne respectait rien. Pour moi les pamphlets c’est la même chose.
- Dans la revue FNR, il y a un numéro spécial, la reina pastora.
- Il y a deux choses très contemporaine dans ce livre : le commérage et la disparition du sujet (« l’architigresse », la scélérate)…
- J’adore Edith Piaf, on m’a dit des trucs horribles sur sa vie mais je m’en fous !

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