dimanche 19 octobre 2008

Condé 28 (juin 08) : L'étranger chez nous

"On l'invite, on l'aime, mais... Surprises !"

papotage pour commencer
Le temps qu’il fait et le plaisir de se baigner quand il pleut…
Les femmes étrangères…
Papoter : quel joli mot ! Potin ? Commérages : « comme à la télé », ça devient un business…
- on peut faire des choses biens et qui sont intéressantes… Par exemple, je racontais des histoires (comme celle de Désirée) à la manucure de ma mère et elle me disait que je devrais le faire à la radio… L’année prochaine, je vais parler de la reine Urraca à l’Athénéo Jovellanos… !
- En France il y a Pierre Bellmarre qui est une vraie star »
- et Apostrophe…
- si tu racontes l’histoire comme celle de tous les jours, ça intéresse tout le monde !
- et pourtant, il n’y avait grand monde pour Michel del Castillo à qui on reprochait d’être un romancier justement !
- moi je préfère les faits auxquels on peut se référer. J’ai par exemple lu au moins 200 livres sur la guerre civile et il y a des faits inventés…
- moi aussi j’aime les faits mais avec Désirée, on a les dates et le roman rajoute seulement ce qu’elle pense. Ce qui est de toutes façons impossible à savoir. C’est l’interprétation du romancier. C’est une fantaisie…
- Il vient de sortir un livre sur Joseph II (1808-1813 en Espagne, « José Bonaparte ») qui a essayé de mettre en place des réformes en Espagne comme lors de la république et là on a bien la vision côté Napoléon de Désirée. Mais il a été très malmené par les espagnols, il était haï par toute la cour de Charles quint.
- parce que les formes n’étaient pas bonnes !
- tu ne peux pas imposer quelqu’un comme ça !
- tu ne peux pas imposer des réformes comme ça à un peuple qui n’était le sien. Fernando VII a été un roi détestable… Et après on a voulu mettre en place ces réformes… La faute de José II a été de mettre en place un empire et c’était trop en avance… Maintenant on veut faire ça avec l’Europe. Là c’était la famille ! Je suis allé à Paris et on vénère la tombe de Napoléon alors qu’on est républicain…
- celui qui a vraiment réformé Paris, c’est Napoléon III et là on n’en parle pas, c’est la honte à cause de la guerre 1870.
- C’était Haussmann, un hommage à Napoléon…

L’étranger à ma maison : anecdotes
Un sujet proche… Toutes les fantaisies sont permises
- j’ai eu deux français et un italien par échange avec le lycée de mon fils. J’ai reçu un garçon de Niort : c’était un garçon terrible, il était dans tous les endroits de la maison à la fois, il était adorable, plein de vie, travieso, espiègle, esprit libre… Il avait 13 ans, en 1997… Il est resté une semaine. J’ai été ravi. L’année suivante, ça a été différent : le garçon restait dans sa chambre, il ne sortait pas, il ne disait rien, il ne voulait pas manger, il ne voulait pas prendre le petit déjeuner et après il mangeait des biscuits et du chocolat. Il y a donc deux types d’enfants en France, comme en Espagne… Je pense que le premier voulait venir et pas le second…
- il ne faut pas avoir trop d’attente : moi je dis aux parents, attention, n’espérez rien. Ça ne fait rien si la personne ne correspond pas à ce que vous attendez, elle ne reste que 1 ou 3 semaines. Moi j’ai eu des enfants jusqu’à 19 ans, un était terrible, on l’appelait « le petit cochon », il avait 11 ans. Il faisait pipi au lit, il ne voulait pas aller se coucher, il ne voulait pas parler espagnol, il se moquait de mon fils qui parlait français, il a volé, il est resté deux mois ! J’ai eu un autre enfant de 12 ans, c’était merveilleux, il pleurait quand il est parti. J’ai eu des filles françaises et beaucoup d’anglais et d’américaines. J’ai eu une anglaise qui pleurait à chaque fois qu’elle voyait le professeur, alors c’était pour moi… Chez moi, elle pleurait seulement 1/2h le matin, moi je parlais anglais avec elle. J’ai eu une américaine qui a été adoptée : elle disait que tous les espagnols étaient horribles. Elle était tout le temps dans la salle de bain, elle a parlé des heures avec son fiancé qui voulait la laisser… Je pense que les différences étaient plus liées aux personnes qu’au pays. Je connaissais déjà bien la culture anglaise, française et américaine. Je pense que les américains étaient plus intéressé par notre culture. Les français étaient intéressés par sortir, s’amuser. Les anglais n’étaient pas intéressés, ils ne voulaient rien, je ne sais pas ce qu’ils faisaient là : les enfants venaient de familles humbles et ils n’appréciaient pas du tout d’être chez nous qui est une belle maison…
B : rappel sur culture : la façon dont on explique son comportement et non le comportement lui-même…
- je n’ai jamais eu chez moi d’étranger…
- J’ai reçu un français qui a l’âge de mes enfants, un presqu’étranger pour nous ! ça a été très difficile : c’est souvent des problèmes d’horaires (il ne voulait pas dormir), de nourriture (rejet comme une manière de s’imposer). Au départ, je me disais « il est chez nous, il mange comme nous ». Puis j’ai eu peur…
- moi aussi je suis allée parler à la prof…Il m’a dit faut le laisser faire…
- Je suis allée contre moi, j’ai proposé d’aller faire les courses avec lui, j’ai fait comme tu dis, il ne faut s’attendre à rien, et on a mangé ce que l’enfant aimait ! Pour moi ça a été très dur ! Il n’a pas dit un mot d’espagnol… Au début on faisait tous des efforts et après je n’ai parlé que français. J’ai eu le contraire, cinq enfants espagnols sont venus à Paris dans mon 30 m2 : avec les passages à la salle de bain, on a changé nos habitudes pour gérer les horaires ! C’était très difficile de parler le français… ça a été plus facile, ils communiquent plus facilement.
- chez moi aussi, tous mes enfants ont été très aimables avec tous les étrangers…
- ils savent accueillir, ils ont reçu une éducation de l’accueil…
- chez mes parents c’était pareil… James va venir avec sa famille cet été…
- J’ai reçu seulement une fois un anglais, ça a été un cauchemar de 15 jours. J’ai un appartement de 150 m2, c’est pas petit, j’ai quatre enfants, c’était en 1992. Un échange avec un de mes fils agé de 15 ans. On m’a envoyé un géant de 17 ans, chauve, antipathique, c’était horrible. Il mangeait tout sauf les tomates, j’ai cuisiné beaucoup, je devais rentrer du travail pour le nourrir. Mes enfants parlent anglais moi non, et mon fils plus âgé heureusement parlait avec lui. Il parlait bien espagnol pourtant mais il ne parlait jamais. Il sortait avec ses amis… Sauf une fois, il parlait sans arrêter alors j’étais heureuse et je parlais ! mes enfants me disaient « stop, il est saoul ! ». Il était habillé tout en noir. Il avait une chambre pour lui. Il était bien à mon avis. Quand mon fils est allé chez lui. Il vivait dans un château. Mon fils était avec sa mère, elle était attachée à lui ! La mère ne cuisinait rien : tous les jours, au restaurant ! C’était très bien ! Après la grille du château, il fallait une voiture pour aller jusqu’à la maison. Si mon fils était allé avant, je n’aurais jamais pu recevoir l’anglais, j’aurais été très complexée. La maison ne me plait pas, la cuisine non plus…
- c’est peut-être aussi la culture espagnole. Moi j’ai reçu un espagnol à Paris à 17 ans, ma mère n’était pas toujours à la maison, alors on mangeait des surgelés.
- on sait que les anglaises ne cuisinent pas et je les ai souvent entendu dire : I miss my mother cooking !
- j’ai reçu deux filles de 17 ans (par le programme Erasmus, un an), de Scandinavie, sont venues dans la classe de ma fille. Elles ne connaissaient pas l’espagnol. Elles se sont bien intégrées, elles sortaient le WE avec les copines : elles étaient étonnées de voir autant de monde à Gijón, le premier mois elles étaient saoules tous les WE. Elles sont parties en parlant couramment. Ca dépend bien des motivations : là ce sont les élèves qui veulent venir. Ils aimaient sortir tard comme les espagnols : tout le monde dehors, c’est pas pareil !
- je vis tout le temps avec un étranger qui me rend la vie impossible. Cet étranger, depuis qu’il est à la retraite, il est infernal. Par exemple, s’il fait mauvais il ne se lève pas et il ronchonne. Pour la douche, c’est très long (1 heure), pour s’habiller c’est très long, que choisir, c’est long, encore une heure, finalement il met toujours la plus laide… je propose de faire une visite : Rosario Acuña, la fol, … Il part en promenade et finalement il fait demi-tour et il rentre se coucher parce qu’il est très fatigué… Il sort boire une bière à la favorita, je lui interdis parce qu’après il dort mal… il boit deux ou trois bières… on va au restaurant… ou c’est moi qui fait la cuisine. Il se couche trop tard même si je le gronde tout le temps…
(on comprend que l'étranger c'est aussi soi-même...)
- tu vois le rapport d’être français et espagnol dans ce que tu racontes ?
- je me sens étranger en Espagne et aussi en France
- moi aussi…
- au bout d’une semaine en France je ne supporte pas le chauvinisme, en Espagne c’est le mensonge et le machisme
- j’ai l’impression d’être quelqu’un de différent, j’ai du mal à m’adapter, j’ai envie du débat français quand je suis en Espagne, et en France, je regrette la gaîté, le sens de la fête et quand je suis ici y’en a trop…

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