jeudi 27 décembre 2007

Condé 19 (septembre 07) : voyage en Charentes


Récit de voyage en Charente

On regarde les photos qui sont magnifiques ! Il faisait très beau, on le voit ! C’est du soleil partout ! Il faisait froid même (sauf le matin) !

- Surgères, c’est un village merveilleux. L’histoire que nous racontait le guide, le château, la porte, l’église, c’était 9h du matin, il faisait froid mais il y avait le soleil, beaucoup d’arbres près de la rivière, comme si on était au Moyen-âge, on était dans l’ambiance… Dommage qu’on n’ait pas vu le marché comme prévu car on avait changé le programme pour aller à Saintes ;

Ce que j’ai préféré, c’est la maison de Pierre Loti à Rochefort : j’ai découvert tout ce qu’il était et ce qu’il signifiait…

- ça c’est le visite de Sainte (on regarde toujours les photos), on montait tout le temps ! (aux arènes et à Saint Eutrope) ; pour moi, j’avais déjà presque tout vu et je suis contente d’avoir visité la maison de Pierre Loti et je n’ai pas été déçu du tout. On a vu l’homme dans toute sa grandeur et toute sa bassesse comme tu le dis dans le journal !

- Le pain français croustillant, les croissants, le pain, le beurre et la confiture

- Ce que j’ai préféré…je suis restée sous le charme du marais poitevin, le tour, l’histoire, la promenade, c’était bien pensé d’avoir vu d’abord l’endroit militaire à Brouage, ensuite la Rochelle, pouvoir faire l’histoire dans le passé quand c’était marécageux, maintenant c’est très cultivé, voir la Rochelle au fond, ça m’avait emballé, surtout d’avoir vu l’histoire d’avant, les digues pour empêcher l’eau salée de rentrer, et aussi Teddy-Moules tout entouré d’arbres avec un coucher de soleil magnifique, dans la ligne de ce qu’on avait vécu la journée, ça restera dans ma mémoire, une journée aussi complète. J’ai eu une impression pareille en Turquie. Souvent dans les voyages, on fait des choses les unes après les autres mais pas cette impression de continuité. La crypte de Saint-Eutrope, ça m’a fait beaucoup travaillé : ça ressemble à la crypte de Léon (San Isidore). J’ai cherché dans ma documentation, j’ai trouvé l’influence du chemin de saint jacques qui passait par là et ça nous renvoie à Urraca car le portail a été fini quand elle s’est mariée avec Don Alfonso… dans ce livre, on parle d’un portail de Léon qui viendrait de Saint-Hilaire de Poitiers et une église sur … Le Loir. Voir les influences réciproques qui viennent de la mode Bizantine puis la mode arabe (et on venait juste de repousser les arabes)…

- ça me rappelle un monastère de la riviera sacra à Orense en Galice, San Pedro de la Cueva, près de la rivière, il y a cinq ou six monastères

- les moines faisaient le vin, comme toujours. Ils travaillaient, ils avaient droit à un litre et demi par jour et un kilo de viande en comptant l’os. A Poitiers, il y a un reste de baptistère.

- Pour finir avec mes impressions, j’ai été étonnée par le mauvais état de l’art Roman en France mais ce qui est formidable c’est que les sites sont très bien entretenus, verts, pas trop bâtis. Pour le séjour, à la ferme, c’était plus hôtel et moins ferme. C’est très intéressant son jardin (Les gîtes de la Motte Aubert) : il essaie de faire des chemins de vue avec les arbres et les plantations, très agréable à regarder.

- Le jardin potager avait l’air tout en désordre. Quand on s’est promené, on s’est rendu compte que tout correspondait à un ordre déterminé.

- Les fleurs qui protègent les légumes des insectes. Et le jardin qui monte.

- Et les fleurs qu’on mange.

- Melle, tout des maisons en pierre, une ville seigneuriale, il y avait des maisons pleines de fleurs, des portails en fer, très bourgeois.

- Il y avait une très bonne confiserie, il y avait des biscuits et la tarte poitevine avec des pommes de terre rondes entières et des légumes et les quiches étaient très bonnes et les tourteaux fromagers…

- Moi j’ai adoré Pougne-Hérisson, le nombril du monde. Ce jardin des contes. C’est vrai que la visite est déroutante avec ce gars qui semble raconter n’importe quoi : le minerai de conte ! Ces savants fous dans leur laboratoire reconstitué comme celui des Curies au début du siècle. Ces machines folles où il manque « le facteur humain » ! Quelle rigolade. Ensuite j’ai écouté des histoires dans le jardin en mangeant des fruits, des noisettes et des fleurs !

- Et la salle des rumeurs…

- Très fou…

- La baignoire où on peut enregistrer ses histoires… (bon elle ne marchait pas !)

- Il fallait bien maîtriser le français…

- Les poteaux : on cherchait sa hauteur et on allait voir à qui ça correspondait (un personnage de conte de fée)

- Moi j’étais la princesse au petit pois ; Maria qui est plutôt petite était la sœur aînée du petit poucet...


19 novembre – Antiguo Instituto

Présentation de l’Alliance Française de Gijón et de l’atelier Condé par Ana, directrice de la AFG

Présentation de Philippe d’Iribarne par Béatrice, bénévole de l’AFG

Traduction en séquentiel de la conférence par Victoria, bénévole de l’AFG

Philippe d’Iribarne : ¿Que es el honor?

J’ai écrit « La logique de l’honneur »[1] il y a 20 ans ; on m’a dit à ce moment : « Mais l’honneur ce n’est pas français, c’est espagnol ! ». En effet, l’honneur se retrouve tout autour de la Méditerranée (cf. par exemple Bourdieu) mais il faut regarder comment un même mot peut avoir des significations très différentes. C’est enrichissant de comprendre ces différentes significations.

Je vais surtout parler de l’honneur français en m’appuyant sur un travail de comparaison du fonctionnement d’une même organisation en France, aux Pays-Bas et aux états-Unis. En France, on avait l’impression d’un très grand désordre et pourtant c’était efficace. Il y avait des règles mais on disait qu’on ne les suivait pas, il y avait des réunions mais on disait que ça servait à montrer que l’autre a un point de vue idiot.

El honor, es decir el prejuicio de cada persona y de cada condición

Personne ne parlait d’honneur. J’ai fini par comprendre comment fonctionnaient ces gens, quelles conceptions ils avaient de leur travail en rapprochant ce qu’ils disaient de ce que disait Montesquieu de l’honneur sous l’ancien régime (extrait de l’Esprit des lois).

L’honneur est lié à chaque condition selon la place que l’on occupe dans la société : quelque chose d’acceptable à une certaine place ne sera pas acceptable à une autre place. Par exemple, on dit en France qu’une Mercedes est une voiture de boucher. On considère qu’un boucher avec une Mercedes, c’est normal. Par contre, pour un intellectuel, avoir une Mercedes n’est pas adapté. C’est un préjugé : l’ensemble des choses que l’on fait ou que l’on ne fait pas est lié à la place que l’on occupe.

- « Las virtudes que nos muestra son siempre menos lo que le debemos a otros que los que nos debemos a nosotros mismos: no están tanto en lo que nos lleva hacia nuestros conciudadanos que en lo que nos distingue de ellos » (id.) : l’important n’est pas tant ce que l’on doit aux autres mais ce que l’on doit à soi-même, ce qui nous distingue des autres. « Haríamos pués muy mal en creer que el antiguo Régimen fue une época de servilismo y de independencia. Había mucha más libertad que hoy en día; pero era una especie de libertad irregular e intermitente, siempre ligada a la idea de excepción y de privilegio, que permitía casi tanto desafíar la ley como lo arbitrario” (Alexis de Tocqueville, El antiguo Régimen y la Revolución).

Prenons un exemple contemporain : “Nos son los padres quienes tienen que decir a los « maestros » [profesores de enseñanza secundaria] lo que tienen que hacer en clase ; tampoco los políticos de paso, ni los jefes de empresa, el imam, el obispo o el senador de la esquina. En conclusión el « maestro » sólo se debe a la lógica interna de su disciplina” (Punto de vista de Régis Debray en Le Monde, 3 de marzo de 1998). On dit pourtant dans tous les cours de management qu’il y a deux personnes importantes, le client et le chef. Ici, le chef est le politique de passage ou le sénateur du coin. Ce n’est pas au chef de décider. De même, les clients, qui sont ici les parents, n’ont pas leur mot à dire. Le professeur va à la fois refuser le client et le chef. Il ne fait pas ce qu’il veut mais son devoir est fixé par son métier : c’est la place qu’il occupe dans la société qui va décider ce qu’il doit faire et il se fonde sur les coutumes de son métier pour résister à son chef et au client.

Noblesse oblige

Les pilotos no supieron resistir a la tentación. Al vivir entre ellos, no oyeron a los demás. […] Como si la nobleza de una profesión no obligase al que la ejerce a cumplir un deber social tanto como profesional” (Editorial de Syndicalisme Hebdo CFDT, 11 de junio de 1998, fecha en la que tuvo lugar la copa mundial de fútbol en Francia): avec ceci, il y a des choses plus ou moins nobles. Cette référence à la noblesse sert à critiquer ceux qui ne font pas leur devoir vis-à-vis de la société. C’est un trait caractéristique de la France : plus on occupe un poste haut dans la société, plus on a de devoirs (noblesse oblige), sinon on déchoit. Par exemple, Mitterand disait, à propos de son poste de président : « Mon mandat est une noblesse et je veux en être digne de la manière que je déciderai ».

- « Progresivamente, en cada una de nuestras profesiones, se responsabiliza a los comerciales de la totalidad del acto de venta. El conocimiento íntimo de las necesidades de sus clientes les permite prescribir las soluciones más adaptadas poniendo en evidencia nuestra oferta de productos con valor añadido” (extrait du rapport annuel d’une grande entreprise) : le commercial va prescrire au client ce dont il a besoin, il n’est pas question que le client exige. Est-ce que le client français oserait exiger ?! Faire ce que veut le client serait s’abaisser. En revanche, l’écoute est le début de « je vous ai bien écouté, c’est donc cela dont vous avez besoin »... Ce qui étonne toujours les Anglais ou les Hollandais comme si les Français savaient toujours mieux que leur client.

Rivalidad de rango

- La noblesse est associée à une position, avec une rivalité de rangs : « Los jóvenes ingenieros, que son adjuntos, eh... esperen, mis dudas no son peyorativas (risas) tengo la impresión de que casi se sintieron decepcionados de verse obligados a pasar por años de escuela para hartarse con un montón de fórmulas y todo eso. Muchas veces los encontré desarmados frente a un problema bajamente material y bajamente simplón. » (Citation d’un contremaître – position entre ingénieur et ouvriers - qui a beaucoup de métier sans beaucoup d’études). En principe le contremaître est subordonné à de jeunes ingénieurs sortis de l’école. Il montre, dans son discours, que certes, l’ingénieur est hiérarchiquement plus élevé que lui mais, par ironie (non féroce), les ‘formules’ ne l’aident pas beaucoup dans son travail et il se sent désarmé face à des problèmes bassement simples. Le contremaître arrive ainsi à présenter des gens qui se croient hauts placés comme étant en fait très bas.

Exemple des grèves actuelles (liées de la réforme des régimes spéciaux) : le gouvernement dit « il faut aligner tout le monde ». Mais avoir un régime spécial (pour les fonctionnaires), c’est être différent ; être ainsi ramené à une situation ordinaire c’est être abaissé.

Autre surprise pour les étrangers : les intermittents du spectacle (artistes ou menuisiers ou électriciens), ont un régime tout à fait spécial, ce qui n’existe pas dans beaucoup de pays. Quelqu’un qui appartient à une activité comme le spectacle est beaucoup plus noble (presque d’un autre monde que le bourgeois qui s’occupe de choses banales). Le menuisier travaillant pour des artistes se considère bien au-dessus du menuisier banal.

Les Français ont tendance à intellectualiser. Ils commencent à faire une extraordinaire théorie d’une chose très pratique. Ils vont mettre en équation les choses les plus banales. A la fin du XIXème, c’était s’abaisser que d’avoir des activités industrielles (sauf la mine et la sidérurgie). Le Français transforme donc un problème pratique en beau problème pour y trouver une solution élégante. L’aspect terre à terre et matériel du problème, on pourra l’oublier et se concentrer sur l’élégance et l’intelligence de la solution. Ca permet aux gens qui ont fait de grandes études de se consacrer à des choses très terre à terre en ayant l’impression de faire de grandes choses.

Pourquoi les Français sont si attachés à un statut (les hors statuts sont presque des parias) ? C’est un opérateur magique qui va permettre de résoudre les contradictions françaises ! Une société à la fois très hiérarchique et très égalitaire. Si celui qui a un petit statut est aussi pleinement respecté dans les prérogatives associées à celui-ci que celui qui a un grand statut l’est de son côté, il est à certains égards son égal.

Voici par exemple une anecdote : un président d’une grande entreprise fait envoyer une directive à ses collaborateurs par sa secrétaire. Au bout d’un temps sans réponse, il s’inquiète et sa secrétaire lui signale qu’elle n’a pas envoyé la directive car elle pensait qu’il ne pouvait pas envoyer une chose pareille. Un américain aurait licencié la secrétaire. En France, elle considérait que c’était dans ses prérogatives de décider si certaines choses peuvent être faites par son patron ou non

Es deshonroso someterse por interés

Comment expliquer tout cela ? Quelle est la logique qui relie tout cela ? Pourquoi les Français se comportent différemment des autres ?

Quand on compare les sociétés, on trouve toujours un noyau de crainte : ce que serait une catastrophe à laquelle il faut absolument échapper. On a une bonne vision de ça , pour la France, dans le livre de Sieyès « qu’est-ce que le Tiers-Etat ? » : qu’est-ce qui paraissait insupportable dans l’Ancien Régime pour le tiers-état ? Citation : “Esta desgraciada parte de la Nación acabó formando una grande antecámara, siempre ocupada por lo que dicen o hacen los maestros, siempre dispuesta a sacrificarlo todo por los frutos de la felicidad de gustar que se promete”. Le tiers état est l’anti-chambre des maîtres, ce sont des valets. Un valet, pour obtenir quelque chose, est prêt à tout sacrifier, même sa dignité. Référence à la fable de la Fontaine, « le loup et le chien ». Le loup qui n’a que la peau sur les os mais qui est libre de faire tout ce qu’il veut, rencontre un chien beau et gras qui lui explique la marque sur son cou : « Le collier dont je suis attaché de ce que vous voyez est peut-être la cause ». Soit par peur, soit par intérêt, il a choisi de rentrer dans une position servile. C’est insupportable pour les Français.

Les grands personnages légendaires français ont résisté jusqu’au bout, n’ont pas plié devant la volonté d’un autre. Au contraire, les collaborateurs, pour satisfaire quelques intérêts, ont accepté de se mettre en rapport servile.

Par exemple, en 1995 pendant la grève dans les transports, Nicole Notat (CFDT) a coopéré avec le gouvernement, elle a été accusée d’être aux basques de celui-ci et d’avoir accepté une position servile.

La peur principale pour le Français est d’être considéré comme soumis. La peur secondaire est de ressembler à ceux qui se sont soumis : le laquais est réputé s’être soumis à son maître au profit de son intérêt. Toutes les manières de se situer par rapport à un patron ou un client, ou le refus d’exercer des métiers réputé serviles, permettent d’échapper à ces peurs.

Autre personnage : Cyrano de Bergerac. Finalement il perd, assassiné par ses ennemis, mais il n’a jamais plié devant personne et a donc conservé son honneur intact.

El honor español según Julián Pitt-Rivers: “En el pueblo reina un ideal de igualdad en materia de honor

Selon Julian Pitt-Rivers, l’honneur espagnol est substantiellement différent. Il étudie l’honneur andalou dans le pueblo, ce qui est sûrement très différent pour l’asturien ou le basque...!

L’honneur n’est pas une manière de se placer dans une société hiérarchisée. Chez Pitt Rivers, c’est beaucoup plus la réaction en cas d’affront entre égaux. J’ai par exemple étudié une entreprise française implantée à Valladolid dans le cadre de la mise en place d’une méthode japonaise d’auto-contrôle en atelier : pour l’Espagnol, écrire ce qu’il avait mal fait, c’était de l’ordre de l’affront.

En France, il y a eu une tradition de refus de l’affront, du duel, mais elle a fait la place à un duel de mots, on essaie de tourner en ridicule celui qui a fait l’affront ; il faut des cas exceptionnels pour rentrer dans des réactions plus graves. En Espagne, l’affront est beaucoup plus pris au sérieux.

En ce qui concerne la hiérarchie, ses ordres sont tout à fait acceptable parce qu’ils viennent d’en haut. Ce n’est pas le cas si l’ordre est émis d’un égal, ce serait alors humiliant. En France, toute forme de subordination est suspecte. En Espagne, on accepte une subordination qui est considérée comme naturelle.

Débat

La discipline, la loi…

Q/C[2]: Referencia a Jovellanos; una obra de teatro, porque se trato en la ley el que desafió y el que acepta el desafío. En virtud del honor aceptar el desafío no hay que ver con la ley…

Q/C : Les Français sont souvent indisciplinés. Ils aiment faire grève, souvent de manière démonstrative, en recherchant la perturbation maximale de la société. Comment cela est-il compatible avec l'honneur?

R[3]: en France aussi, un devoir doit être suivi surtout s’il n’est pas prescrit par la loi. A propos de discipline, le premier mot associé pour un Français est stupide (le modèle de l’Allemand qui marche au pas). Pour lui, l’idée est que les choses sont compliquées et que le seul qui peut dire ce qu’on doit faire dans une situation, c’est celui qui est dans la situation ; on peut l’aider, le conseiller mais on ne peut pas lui dire ce qu’il a à faire. On essaie alors de faire passer la pilule en parlant de discipline librement consentie. Il faut que celui qui l’a crée soit complètement légitime…

Q/R : les espagnols n’aiment pas du tout la discipline, on a la même idée de la discipline prussienne ! Pourquoi les français sont tant disciplinés ? Ils arrivent toujours à l’heure !

R : un même comportement peut être vu du côté positif ou négatif selon le point de vue. Si on est à l’heure parce qu’on est discipliné, c’est mal aussi pour le Français. En revanche, être à l’heure, pour les trains, c’est une question de fierté professionnelle. Ce n’est pas parce que le patron l’a dit. Ce peut être aussi une question de courtoisie : ne pas faire attendre quelqu’un est quelque chose d’honorable. Il y a toutefois des situations dans lesquelles ce n’est pas honorable : dans une réunion, si les premiers arrivés sont les subordonnées, et les grands chefs arrivent en dernier, alors les horaires dérivent car personne ne veut être le premier... Si au contraire ce sont les grands chefs qui arrivent en premier alors il est discourtois d’être en retard.

Qu’est-ce que la culture ?

J’aimerais aussi insister sur un point important : il y a souvent un grand malentendu autour du terme de culture. On croit qu’on évoque des sortes de comportements stéréotypés. Or dans une même culture, on va avoir des gens qui se comportent différemment, et les comportements changent selon les situations. Ce qui caractérise la culture est la manière dont on donne sens à une situation, comment on l’explique, ce qu’on se demande à son propos... Le fait de poser une question ne crée pas de réponse automatique.

Par exemple, la RATP a créé une nouvelle ligne de métro automatique. On y trouve une situation de coopération beaucoup plus forte que dans les autres lignes. Quand le personnel de cette ligne est venu sur les autres lignes, il a été rejeté sous prétexte qu’il était vendu aux patrons. C’était les mêmes personnes, la hiérarchie était vue différemment.

Honneur, honor, honra : des concepts obsolètes ?

Q/C : sobre el honor. La misma palabra con conceptos distintos. Es una palabra obsoleta. J’entends plutôt quelque chose qui a rapport à l’orgueil de classe.

R : les Français utilisent très peu le terme d’honneur. Le fait qu’un mot disparaisse du vocabulaire ne veut pas dire que la structure mentale associée au mot ait disparu. Les Français se considèrent comment des gens modernes alors que le mot honneur est associé à l’Ancien Régime... Sauf dans certaines circonstances comme le sport : « On a sauvé l’honneur » par exemple. Il reste qu’il y a des devoirs qui sont liés à une condition.

Q/C : la relation historique dans l’honneur espagnol selon Pitt Rivers entre la force de l’homme et la pureté de la femme me semble expliquer en partie la violence conjugale actuelle : la femme est de plus en plus autonome, elle peut faire respecter la loi. L’homme n’a plus une place si bien marquée dans la société…

Autre Q/C : cette idée de relation entre la honra et la violence conjugale est important : l’homme a perdu son rôle de gardien de la pureté... on parle de machisme... mais tiene mucho que ver con el honor…

20 novembre – Catedra Jovellanos

- Présentation de la conférence par Luis Valdés, director de la cátedra Jovellanos

- Présentation del IUTA, organisateur de la conférence avec l’Alliance, par Elena Marañon, directora del IUTA

- Présentation de l’Alliance Française de Gijón et de Philippe d’Iribarne par Béatrice, bénévole à l’AFG

Philippe d’Iribarne : « Quien manda a qui ? »

On a longtemps cru que la mondialisation permettait, en appliquant les méthodes de management américaines, que la planète s’unifie. On s’est rendu compte que des questions telles que prendre des décisions, fixer des objectifs, se comporter avec les clients, soulevaient de grandes incompréhensions. On a pensé que c’étaient des problèmes d’organisation et de communication. Mais il faut aller au-delà. Pour comprendre les difficultés du management interculturel il faut faire des allers et retours entre des questions très pratiques (décider de tel ou tel problème quotidien – commercial, production, etc.) et des questions d’ordre a priori philosophiques (la dignité de l’homme, la liberté, etc.).

Je vais donner quelques exemples et parler en particulier des méthodes américaines, largement enseignées de par le monde, qui ne sont pas le fruit d’une rationalité universelle mais sont ancrées dans une histoire particulière. Nous irons également en Chine et un peu en Espagne.

Français et Américains ; les rapports hiérarchiques

1- “Creo que si los resultados [the bottom line numbers] están ahí, la manera en que se obtuvieron está OK en estas condiciones. La mayoría de la gente piensa que debe ser un poco amo de su propio destino, determinar cómo cumplir el trabajo un poco solo. Mientras sus objetivos se alcancen, los superiores deben estar satisfechos”. On a là un propos américain typique, chacun décide comment s’y prendre pour satisfaire en quelque sorte la commande que son chef lui a passé.

Cette manière de voir ne se retrouve pas chez les Français. On le voit quand un subordonné américain est évalué par un supérieur français. Le premier a des réactions telles que : « On m’a fixé des objectifs et je les ai respectés, vous me critiquez sur autre chose ». Le français rétorque : « Au-delà des objectifs, vous devez penser à autre chose ».

2 - “He saw the potential for abuse in a management system that took all the work rules that protected workers and replaced them with vague understandings that gave unchecked discretionary power to supervisors. Workers at Flat Rock would, he knew, be at the mercy of management unless their union was aggressive in protecting their rights”, point de vue d’un subordonné américain dans une entreprise japonaise. On voit l’opposition entre ce qui est considéré comme bien et comme mal. Pour l’Américain : ce qui est mal est le pouvoir mal contrôlé, le fait d’être à la merci du management. Du côté du bien, il y a les règles et le droit.

3- « Un homme libre se rend serviteur et valet d'un autre, en lui vendant, pour un certain temps, son service, moyennant un certain salaire. Or, quoique cela le mette communément dans la famille de son maître, et l'oblige à se soumettre à sa discipline et aux occupations de sa maison, il ne donne pourtant de pouvoir au maître sur son serviteur ou son valet, que pendant quelque temps, que pendant le temps qui est contenu et marqué dans le contrat ou le traité fait entre eux. Mais il y a une autre sorte de serviteurs, que nous appelons, d'un nom particulier, esclaves, et qui [...] sont [...] sujets à la domination absolue et au pouvoir arbitraire de leurs maîtres » (Citation de Locke, Traité du Gouvernement civil). On voit bien cet aspect politique de l’attachement au contrat.

Aux Etats-Unis, la bonne manière de travailler ensemble est : on a des résultats à obtenir et la liberté, l’autonomie que l’on revendique consiste à laisser chacun se débrouiller pour atteindre les résultats attendus de lui. Le chef n’a pas à se mêler de ces moyens. Le mode normal de relation hiérarchique est que le chef fixe des objectifs et que les décisions qui affectent le personnel sont encadrées par un certain nombre de règles (ex : le droit de choisir un poste en premier dépend de l’ancienneté, comme le choix de celui à qui sont proposées les heures supplémentaires etc.). C’est un pays de règles et d’avocats : on passe des contrats et l’avocat permet de voir si ces contrats sont conformes aux règles. Cette vision est naturelle pour les Américains. Ils sont rapidement choqués lorsqu’ils sont confrontés à une autre manière de faire (et de penser).

4 - En demandant d’un côté au président japonais et de l’autre côté aux vice-présidents américains d’une filiale américaine d’une entreprise japonaise ce qu’il changerait dans l’autre partie si il pouvait, chacun répond : ces Américains – ces Japonais – ne comprennent pas ce qu’est un objectif. Derrière ce mot objectif, il y a donc une multitude de conceptions.

“Reinterrogué primero a los vicepresidentes estadounidenses: ‘tuvimos una batalla incesante con el presidente [Japones]. Simplemente no podemos obtener que nos especifique un nivel de desempeño [a performance target] a alcanzar. Tenemos todos los informes y las cifras necesarios, pero no podemos obtener objetivos específicos. No quiere indicarnos qué aumento del monto en dólares del volumen de préstamos o qué porcentaje de reducción de los costos de funcionamiento espera de nosotros para el mes, el trimestre o siquiera el año que viene. ¿Cómo podemos saber si desempeñamos bien nuestro papel [performing well] sin metas específicas a alcanzar [specific targets to shoot for]”. (Extrait du livre de William Ouchi, theory Z).

5- “Interrogado nuevamente, el presidente japonés me explicó: ‘si sólo pudiera obtener de estos estadounidenses que comprendan nuestra filosofía de banco. Que comprendan lo que esta actividad significa para nosotros. Cómo sentimos que debemos actuar con nuestros clientes y nuestro personal. Cuáles deberían ser nuestras relaciones con las comunidades locales que servimos. Cómo debemos tratar a nuestros competidores, y cuál debe ser nuestro papel en el mundo en sentido amplio. Si pudieran ponerse eso en la piel, entonces podrían concebir por ellos mismos cuál sería el objetivo apropiado en cualquier situación, habitual o nueva, y no tendría nunca que definirles, nunca tendría que darles una meta.”

Pour l’Américain, si on n’a pas affaire un objectif précis, une définition très précise de ce qu’on attend de vous, on est déstabilisé, on sent qu’on est soumis à un arbitraire. Il faut que ce soit quelqu’un d’autre, le supérieur, qui fixe les objectifs. Mais on sera parfaitement à l’aise pour les atteindre comme on l’entend. Certains pourraient penser que c’est une version universelle de la gestion. Les Japonais vont eux défendre que les objectifs ne sont pas des chiffres mais une philosophie, quelque chose que l’on a sous la peau, que l’on sent. Les cibles, c’est à chacun de se les fixer. Ce que veut le supérieur c’est que la philosophie soit comprise. Cette philosophie est considérée par les américains comme une chose vague, c’est un regard négatif.

La France : autodéfinition des responsabilités

6 - “Yo partí del principio, y es lo que trato de hacer respetar… Tenemos la decisión y la responsabilidad plena y entera en cuanto se trata de personas. […] No dudaría instantáneamente en apagar la fábrica si estimo que… que eso forma parte de mis funciones en tanto técnico, si considero que hay peligro y que no se tiene el derecho de hacerle correr riesgos a quienquiera que sea”.

Un contremaître pense qu’il a une responsabilité et il essaie de la faire respecter par ses chefs : il dit « j’estime, je considère », sa référence est que ça fait partie de ses fonctions en tant que contremaître. Ses références ne sont plus les objectifs précis fixés par un supérieur mais la tradition du métier qui définit ce que vous devez faire.

7 - “Nos vemos todas las mañanas, tenemos una reunión en principio a las nueve, el jefe de servicio, el adjunto, el capataz y su adjunto. A veces no voy. Si tengo un problema que, en mi opinión, es más importante que la producción, o lo llamo o no me ve llegar; sabe muy bien: 'bueno… Y [el que habla] está atrapado en alguna parte, lo veré más tarde”

Dans cette autre citation à propos des réunions, le Français dit qu’il n’y va pas toujours car si un problème plus important a lieu, son chef sait que « si je ne suis pas venu, c’est que j’avais des choses importantes à faire ».

Une apparence de contradiction apparaît : les Français auraient à la fois besoin de leur chef et d’une grande liberté vis-à-vis de la hiérarchie. Par exemple, pendant les négociations pour la fusion Renault – Volvo, du coté suédois, on pouvait décider sans le chef et du côté français il fallait toujours demander au chef.

On peut comprendre comment ces deux aspects se concilient en prenant un cas concernant la conception de produits entre Français et Américains qui doivent se mettre d’accord : « Il y a des différences d’opinion extrêmement fortes sur des critères subjectifs, donc difficiles à discuter. On a tendance à ériger son avis comme étant la règle. On fait un compromis qu’on appelle mou. Ça pourrait être résolu si il y avait une entité supérieure qui dise ‘les critères de qualité pour développer ce produit sont les suivants : […]’. Comme ça, ça ne se discute plus. Je pense que c’est la seule manière de nous mettre d’accord. On prend des gens qui chapeautent tout le monde. C’est à eux de dire ‘ce n’est pas discutable, c’est comme ça ».

La compétence du Français lui permet de dire ce qu’il faut faire. Il hait le compromis mou. En Europe du nord, au contraire, la bonne manière de décider est de se mettre autour de la table pour atteindre un compromis qui tient compte du point de vue de chacun. Le compromis mou pour le Français c’est, au lieu de défendre son métier, céder pour faire plaisir aux autres. Les Français préfèrent alors, au lieu de céder, que ce soit un chef qui prenne la décision. S’il considère que le chef est incompétent, ce qui arrive souvent, l’erreur est due au chef, « moi je n’y suis pour rien » ; si on considère que le chef a une vision holiste, comme il voit de très haut, alors on acceptera sa décision.

8 - « On aurait donc bien tort de croire que l’ancien régime fût un temps de servilité et de dépendance. Il y régnait beaucoup plus de liberté que de nos jours ; mais c’était une espèce de liberté irrégulière et intermittente [...], toujours liée à l’idée d’exception et de privilège, qui permettait presque autant de braver la loi que l’arbitraire. » (Alexis de Tocqueville, L’Ancien Régime et la Révolution).

Dans cette citation de Tocqueville, la liberté est liée à des privilèges ; aujourd’hui, le fait que chacun dise agir en fonction de son métier est un héritage de l’Ancien Régime où chacun agissait en fonction de ses privilèges.

La tradition au secours du management

Ce parcours historique nous permet de revenir sur la controverse initiale entre Français et Américains : « ce n’est pas correct de me changer mes objectifs, dit l’Américain ». On est pour lui dans un rapport où le supérieur a le droit de fixer les objectifs mais il est ensuite lié par ces objectifs. Le chef est considéré comme un client qui ne peut pas changer d’avis pour ce qu’il souhaite. Mais le Français est dans une autre perspective : « Cet ingénieur n’est pas un débutant, il doit savoir ce qu’il doit faire pour s’occuper de ses fonctions sans que j’ai besoin de le lui dire ». Les choses fondamentales sont de bien faire son travail. Le Français aurait accepté de rentrer dans une discussion technique qui donne telle ou telle raison pour telle ou telle décision mais pour lui, quelqu’un qui dit je n’ai pas fait parce qu’on ne m’a pas dit de le faire est considéré comme incompétent.

L’Américain se place sur le terrain du droit et le Français se place sur le terrain de la compétence

Quant aux Japonais, la capacité de sentir les subtilités des relations entre les membres relève aussi du terrain de la compétence même si c’est d’une autre manière que pour les Français.

A propos de la Chine

9 - “In the Chinese culture, subordinates fully obey orders; at times there is no need even to give precise orders. One mentions a few words and the subordinates understand” (manager, HR)

Le management français était assez bien perçu par les chinois mais pas sur les mêmes critères que les Français.

En Chine, la société est à la fois très désordonnée et dirigée par un pouvoir fort. D’une part, les choses se passent à l’intérieur de réseaux, de copinages, de la famille, il y a des dettes morales les uns vis-à-vis des autres, des devoirs considérables dans le réseau mais pas en dehors. D’autre part, il y a la bureaucratie céleste représentée par le Fils du ciel (l’empereur ou le dirigeant du parti) dont on attend qu’elle soit juste, nourricière et ferme. La bureaucratie céleste doit être rigoureuse et traiter chacun selon ses mérites, l’aider et également rester ferme (il n’est pas question de discuter le pouvoir).

J’étais en Chine avec un interprète chinois qui vit en France depuis longtemps. Je lui disais que chez saint Thomas, si votre conscience vous disait une chose et le pape le contraire, il fallait obéir à sa conscience. Pour un chinois, c’est inconcevable, c’est inacceptable, c’est la porte ouverte à l’écroulement de la société. La vision de l’autorité est entière, on ne la discute pas. Ce qui ne veut pas dire qu’on n’a pas de grandes attentes à son égard : on ne va pas contester l’autorité mais on va lui donner des signes de ce que l’on souhaite : “If one makes very few mistakes, my hierarchy can think that I can do better than that. I let my superior understand that I am ready to shoulder more responsibilities, to do more difficult tasks; my previous manager knew it, my new manager came to consult me. It is aggressive to say straightforward that I want such and such a post; it is aggressive. I am young, I would like to work more; my hierarchy understands that I want to do more” (supervisor).

C’est agressif de dire directement ce que l’on veut mais on peut dire « je souhaite travailler » et la hiérarchie va comprendre. La régulation se fait : les Chinois réagissent avec leurs pieds : si la hiérarchie ne les traite pas comme ils veulent, ils s’en vont. Il y a en effet, un turn over très important dans les entreprises chinoises.

10- “The person in charge has taken part in a very dirty task, he does tasks that are even painful for the workers; that shows the principle ‘leading by example’ is respected; earlier, the managers only gave orders” (operator). Autre attente vis-à-vis des chefs en Chine : le management par l’exemple. Un chef avait montré sa tenue, qui était toute sale et c’était ça l’exemple. Pour l’ouvrier interrogé le chef qui participe aux choses difficiles et salissantes s’oppose à celui qui se contente de donner des ordres. Le chef a un rôle d’éducateur, sur le terrain pratique ; c’est en accompagnant les gens qu’on leur apprend les choses.

Deux mots de l’Espagne

11- « Si on ne les traite pas également, les gens sont facilement démotivés. Il y a un problème si les directeurs marquent une hiérarchie entre les départements. Le marketing est au dessus, la formation en bas. Il faudrait montrer que tous sont également importants ». (Entretien d’une responsable de Chanel à Madrid).

On attend de la hiérarchie qu’elle traite les subordonnés de la même façon. En France, les départements sont extrêmement hiérarchisés, chez Chanel, il y a d’abord le marketing, la production est loin derrière. J’avais rapproché ça de l’honneur espagnol de Julian Pitt-Rivers : dans le pueblo, il y a un idéal d’égalité en matière d’honneur.

En s’interrogeant sur les peurs qui jouent un rôle central dans la vie sociale, on voit qu’elles diffèrent selon les sociétés ; aux Etats-Unis c’est de voir son destin commandé par quelqu’un d’autre, en France c’est être en position servile. Il semble qu’en Espagne se soit être traité comme n’appartenant pas à un groupe de personnes également honorables, d’où la crainte de se trouver « en dessous » et le risque de démobilisation qui y est lié. Le rôle du chef est de recréer le groupe de pair mis à l’épreuve par le marché.

Valeurs universelles et pratiques culturelles

Dans mon équipe nous travaillons sur différentes cultures et la façon dont elles interviennentt dans le management : Il y a d’un côté les valeurs universelles et de l’autre la façon dont chacun se les approprie.

Siempre que se utilice un vocabulario abstracto, se pueden expresar palabras de validez universal. Como las teorías de la administración se sitúan en lo esencial a tal nivel, asumen efectivamente esa característica universal.

Au niveau universel, on trouve les concepts de justice, liberté, reconnaissance, etc. Le management est donc universel à bien des &² égards.

Mais dès qu’on passe du niveau abstrait à la réalité des pratiques où les valeurs abstraites s’incarnent (qu’est-ce que ça veut dire de respecter les gens, qu’est-ce que ça veut dire ici et maintenant la justice), c’est différent : « Cuando se incursiona en lo concreto, aparece la influencia de las culturas. No es solamente que subsistirían las prácticas “arcaicas” y resistencias culturales frente al establecimiento de prácticas modernas y eficaces. Estas prácticas modernas requieren implantadas de una manera adaptada al contexto cultural. Se torna esencial interesarse por el sentido que los procedimientos utilizados van a tomar en el universo mental de aquellos que tiene que ponerlos en marcha, y este sentido puede variar de manera considerable de una cultura a otra”.

Ce que signifie être bien considéré, constituer une société, etc. va être différent. Les actions prendront forme (les méthodes s’incarneront) selon le contexte culturel : d’autres repères, d’autres conception de ce qui juste…

Débat :

Q/C : Vous avez surtout présenté des contradictions à propos des différences culturelles. Pouvez-vous donner des exemples de compromis favorables entre cultures différentes ?

R : Prenons l’exemple du management de Lafarge en Chine. Lafarge a racheté des sociétés chinoises au sein desquelles les Chinois avaient l’impression d’être traités en fonction des liens entretenus avec les responsables plus qu’en fonction de la qualité de leur travail. Avec Lafarge, ils ont trouvé quelque chose d’équivalent de l’image idéale de la bureaucratie céleste : juste (le management avait établi un certain nombre de règles très précises, les gens étaient jugés en fonction des succès réels et non en fonction du copinage) et nourricier (des aides, de la formation). Le troisième aspect de la bureaucratie céleste (fermeté) en revanche ne se retrouvait pas dans le management de Lafarge, qui cherchait à mettre en place un système de concertation, de critique. Les Chinois s’y mettaient difficilement.

Autre exemple en Afrique : un expatrié est souvent chargé du recrutement car les Africains ont du mal à s’abstraire du fait que untel est recommandé par le ministre ou telle famille… Un expatrié est réputé en dehors de ces relations, il peut opérer un recrutement sur des critères correspondant à l’efficacité de l’entreprise. Au Gabon par exemple, où la sorcellerie est active, l’expatrié est réputé insensible à la sorcellerie.

Q/C : comment se fait-il que les méthodes américaines et japonaises aient pris le dessus au niveau mondial. Par exemple en Europe, il y a surtout des petites entreprises et ce type de management n’est pas très adapté.

R : dans les vieux pays industriels, les techniques de management sont très différentes des américaines même si ces méthodes sont apprises dans les business schools. Ce qui est dangereux c’est quand l’entreprise s’internationalise et dit qu’elle fait du management américain alors qu’elle fait du management français par exemple. Les étrangers ne comprennent pas. On ferait mieux d’officialiser l’existence d’un management local. Dans les pays qui n’ont pas de tradition de management local, on tente de plaquer le modèle américain et c’est catastrophique.

Biographie

Philippe d’Iribarne est né en 1937. Polytechnicien et Ingénieur des Mines, il dirige Gestion et Société, au sein du CNRS (Centre national de la recherche scientifique) où il est Directeur de recherche. Gestion et Société se consacre à la recherche, à l’enseignement et au conseil en matière d’adaptation du management à la diversité des contextes nationaux et a travaillé en coopération avec des entreprises telles que Total, Saint-Gobain, Lafarge, Danone, Renault, Peugeot, EdF, Areva, France Télécom, STMicroelectronics, Hewlet-Packard. Il est l’auteur de neuf ouvrages dont La Logique de l’Honneur, 1989 (traduit en Allemand, en Chinois et en Néerlandais; en cours de traduction en Anglais et en Espagnol), Cultures et Mondialisation, 1998, Le Tiers-monde qui réussit, 2003 (traduit en Anglais), L’étrangeté française (2006). Ses publications comportent en outre plus d’une centaine d’articles et de chapitres de livres collectifs en Français, Anglais, Allemand, Chinois, Espagnol, Suédois, Portugais, Japonais, etc. Il fait partie du conseil scientifique de l’Agence française de Développement et du Comité éditorial international du International Journal of Cross Cultural Management. Il a occupé diverses fonctions au service de l’Etat, notamment au Secrétariat général de la Présidence de la République. Il est Docteur honoris causa de l’Université de Mons et Chevalier de la Légion d’Honneur.

Bibliographie :

1970 /La science et le prince/, Denoël
1973 /La politique du bonheur/, Seuil
1975 /Le gaspillage et le désir/, Fayard
1989 /La logique de l’honneur/, Seuil

1990 /Le chômage paradoxal/, PUF

1996 /Vous serez tous des maîtres – la grande illusion des temps modernes/ Seuil

1998 /Cultures et mondialisation/ (avec Alain Henry, Jean-Pierre Segal, Sylvie Chevrier, Tatjana Globokar)/ Seuil
2003 /Le Tiers-monde qui réussit : Nouveaux modèles/ Odile Jacob

2006 /L'étrangeté française/, Seuil

Traduction de « la logique de l’honneur » en espagnol – possibilité de lire l’ouvrage en avant-première (beatricevacher@telefonica.net)-



[1] 1989

[2] Q/C = Question/Commentaire

[3] R = Réponse

L'article del Comercio pour Florence



Présentation du livre de Florence Camus le 29 novembre 2007


Florence Camus nous présente un très beau roman sentimental, "Vague à l'âme". Ecrit en français, l'action se situe entre Gijón et Le Havre : Antoine et Anna sont faits pour se retrouver mais de nombreuses aventures les séparent un temps...

Bonne lecture !

jeudi 6 décembre 2007

Nueva España du 21/11/2007 sur Philippe D'Iribarne


Affiche de présentation de la conférence du 19 novembre avec Philippe d'Iribarne

Séances 19, 20...

En septembre, nous parlions de notre voyage en charentes... Voir les photos, en attendant plus d'anecdotes...
http://picasaweb.google.com/Portal.Beatrice/VoyageEnCharentes2007

En octobre, nous préparions la venue de Philippe d'Iribarne qui a donné deux conférences à Gijón en novembre, le 19 et le 20 : passionnant, un succès !

En attendant les corrections du compte rendu, voir les messages avec l'affiche et l'article...

dimanche 14 octobre 2007

Séance 18 - Juillet 2007 : "Le moment de partager un repas"

Réaction à la lecture des Condé par un connaisseur de l'honneur...
En lisant ces notes sur la partie « honneur », Philippe a vu l’espagnol comme « réagissant, direct, rapide, physique » contrairement au français qui tergiverse plus.

Débat
- Ce qu’on a dit n’est pas forcément représentatif de l’Espagne. On a parlé de l’honneur à l’époque de Calderon par exemple et depuis ça a changé.
- On est plus brutal quand on parle une langue étrangère. On refoule moins car on maîtrise moins.
[Rappel : on parle français au Condé et beaucoup de participants sont Espagnols]
- On s’autorise à dire des choses dans une langue étrangère qu’on n’oserait pas dire dans notre langue. On ne s’entend pas et c’est comme si une barrière tombait. En plus en français on a un vocabulaire très riche et très nuancé (sauf le verbe aimer).
Vaste débat car tout le monde n’est pas d’accord…
- On a un vocabulaire beaucoup plus étendu en espagnol !
- Ce peut être aussi la facilité d’élocution (c’est vrai par exemple en Amérique du Sud où ils n’ont pas réduit le vocabulaire et ont gardé la richesse de l’espagnol) ; ce peut être la qualité du dictionnaire ;
- On a voulu tout simplifier en Espagne : c’était très proche de la France. On a dit « nous nous sommes le peuple ». A l’époque de Adolfo Suarez, un ministre disait « Coño, etc.) car c’était démodé d’être poli car on sortait de la dictature. En France on a maintenu la distance entre les institutions et le peuple.
- On dit d’ailleurs que les français sont pédants ; et en Espagne, si tu utilises un mot un peu sophistiqué on te traite de « cursi » (cucul), « redicha », « pedante »...
« Pija » : bon chic bon genre…
Bobo en France
Progre : quelqu’un d’engagé qui allait à la fin du …


Manger - partager
Caprice des dieux :
« Quand je vais en France et que je veux acheter du caprice des dieux, on me dit, non, n’achete pas ça, c’est pour les étrangers ! Mais moi j’aime ça ! »
« En France, c’est le fromage au lait cru qu’on aime »

Et là j’ai arrêté de prendre des notes…
En revanche, depuis j’ai noté quelques remarques de la part d’un homme d’entreprise espagnol qui m’ont intriguées et que je soumets à vos commentaires :
- En Espagne, la tradition de formation est française mais les affaires se font sur le mode anglais, américain. Ce qui donne un mélange d’analytique (serait le mode français de parler, de fonctionner) et de « ir al punto », « direct au but » (qui est le mode de fonctionner des anglo-saxons).
- Les français font des discours plus longs, ils savent parler avec une structure plus fluide. L’Espagnol n’ose pas poser de questions (dans le cadre d’une réunion professionnelle), il a moins de facilités pour argumenter…

Un autre me dit qu'en Espagne, c'est impossible d'écrire de façon concise...

Un autre encore me dit qu’en Espagne, on travaille pour la famille (et non pas pour le bien commun public)…

Qu’en pensez-vous ?


Une recette bilingue !
J’ai trouvé une recette sur un produit vendu en Espagne : « El petit Chébra ». Ou plutôt, il y a deux recettes, une en français et l’autre en espagnol. Il ne s’agit pas de traduction littérale mais d’adaptation culturelle, voilà qui est intéressant ! Je vous laisse juges :
1) En français : « Disposer un petit chèvre doux sur une tranche de pain. Arrosez avec une goutte d’huile. Poivrez légèrement. Enfournez votre toast sous le grill. Laissez fondre 3 à 4 minutes et dorer légèrement. Servez aussitôt sur un lit de salade assaisonnée ».
2) En espagnol : « Rebozar los quesitos con pan rallado. Poner un poco de aceite en una sarten y freir/dorar 3-4 minutos. Servir con una ensalada”.

Séance 17 - Juin 2007 : "Autour d'Etienne de la Boétie"

La question de la liberté posée à partir de notre lecture de : « Discours de la servitude volontaire » de Etienne de la Boétie
- Ce texte est-il très français ou universel ?
- En Espagne on a beaucoup tué avant la dictature…

La liberté, un travail de tous les jours contre les utopies
- Dans une anthologie de Maria Vargas llosa (« la verdad de las mentiras »), j’ai trouvé un passage sur aldous huxley, un livre qui critique les utopies sociales. Quelque chose qui ressemble à ce texte : « Le fascisme, le communisme, tous les utopies nous maintienne la vie planifiée. Cela a un prix : la disparition de la liberté ; l’utopie ressemble à la nostalgie de l’esclavage, c’est la fascination pour la servitude, … »
- La liberté c’est très cher, un travail de tous les jours, pour toujours, dans tous les domaines. Ce discours c’est très bien même s’il est un peu répétitif. Il faut savoir dire non tous les jours.
- Il y a des choses qui n’existent plus, mais on peut extrapoler : il parle toujours du grand tyran ; il ne parle pas de petits tyrans qui sont placés tout autour de nous. Il faut toujours voir l’histoire avec les yeux de l’histoire. Ce texte est intéressant pour les idées mais pas pour les exemples.
- Oui, la liberté, c’est la lutte de tous les jours.

L’histoire : les relations d’homme à homme[1]
- Il y a un paragraphe qui m’a touché : « Du moment qu’on ne se soumet pas au tyran, tout le montage du tyran s’effondre ». J’en suis persuadée. Ensuite, sur le rapport à Dieu : Montaigne est un homme très intéressant car il s’est adressé à un autre, égal à lui-même alors que tout le monde s’adressait à Dieu. L’époque : avant la renaissance, il n’y avait pas l’homme mais le sujet soumis au roi. La nouveauté était que le centre du monde c’est l’homme. Il faut être comme l’éléphant, le chasseur aura ce qu’il veut mais pas ma liberté.
- Montaigne, homme libre de cette époque, prend conscience pour la première fois dans l’humanité, ce que c’est que d’être soi-même. La première fois qu’être soi dans une relation humaine, c’est avec l’amour courtois (on rêve de la dulcinée). Une seconde, c’est la Boétie avec Montaigne (ils sont amis) : les essais sont adressés à son ami. La première relation d’homme à homme à égalité.
- L’amitié n’existait pas avant Montaigne et la Boétie ?
- C’était une étape en France. Après, au XVIIIème, on parlera d’une relation amoureuse entre un homme et une femme puis la tendresse. On commence alors à remarquer que les grossesses ne durent que 6 mois. Autant d’étape de la libération de l’homme par rapport à la terre et à la monarchie.
- Renvoie aussi à la pensée des protestants, la guerre des religions, prix qu’on paie avec la révolution.
- Ce que je n’aime pas dans ce texte, c’est que les faibles sont appelés efféminés !

Liberté et responsabilité
- J’aimerais revenir sur la petite tyrannie qui se multiplie… et c’est visqueux, on ne peut pas s’en dépêtrer
- On est tyrannisé par les circonstances, la famille et pas seulement par le chef
- Il faut mettre à côté de la liberté la responsabilité, ça fait peur à beaucoup de monde : on a peur d’avoir la liberté, la responsabilité. La petite vie quotidienne est plutôt lâche
- C’est commode,
- Les autres pensent pour toi : tout le monde peut être tyran autour de vous
- Chacun cache un petit tyran
- Personne ne veut la liberté car elle engage une responsabilité qui fait que les gens vous aiment moins
- Difficile de prendre le risque d’être moins aimé
- Il y a la solitude

Intérêt et égoïsme nous rendent dépendant
- Pourquoi le peuple est soumis à un pouvoir, pourquoi la femme à son mari, pourquoi le travailleur à son chef : on accepte par les intérêts qu’ils vont nous rapporter. Le tyran n’existe pas par son réseau mais par ce que le peuple est égoïste. Il croit ce qu’on lui dit : qu’on va lui donner ceci et cela. Combien de mariages sont par intérêt, pas par amour.
- Pour appartenir à tel ou tel groupe, tu acceptes de ne pas être libre.
- Par exemple, avec Hitler, il ne tuait pas, le peuple l’a choisi : il a proposé le paradis.

A qui la faute ?
- Si on parle des femmes ou des hommes maltraités, c’est une question différente. Il y a des gens qui trouvent toujours le même genre de personnes, il y a quelque chose dans sa personnalité. C’est difficile à comprendre : c’est son caractère. Après, avec le tyran, tu ne peux pas lutter parce que tu vas être tué.
- Je n’aime pas obéir, je dois savoir pourquoi,
- Etre battu et battre : on oublie ce qu’apporte Freud sur la vie libidinale (les traces de notre histoire vécue corporellement, toute cette charge qu’on utilise dans nos relations quotidiennes), dont une manifestation est le sado-masochisme. Tout le monde en souffre un petit peu (il existe toujours un petit peu dans le couple). Personne ne sait tout. Il y a des liens qui sont mystérieux. Pour Hitler, il y a eu des études qui chargent le peuple juif de s’être laissé faire (voir la thèse d’Anah Arhendt).
- Eric Fromm a fait un livre « la peur de la liberté » : la vie normale c’est la peur de la liberté.
- La peur explique la servitude à un peuple, à un pouvoir ? Moi je doute
- Je crois plutôt que c’est l’égoïsme propre du peuple. Intérêt matériel.

Du côté des femmes
- 10% des femmes peuvent choisir leur mari dans le monde
- Mais la biologie dit aussi : La femme est aveugle à son amour quand elle a des enfants
- Ce qui nous pousse vers quelqu’un c’est inconscient
- Maintenant qu’il y a moins de mariage d’intérêt, il y a plus de divorce car l’amour passe !
- Depuis la Boétie, ce sont des conquêtes qui se paient fort cher. Pour parler couple, Fourastier dit : c’est au XXème, pour la première fois dans l’histoire de l’humanité, deux jeunes peuvent se marier par amour et pour rien d’autre. Et du coup, la société va enfin reconnaître le divorce. On constate que la moitié des mariages finissent par un divorce.
- C’est mieux pour une femme d’être divorcée que célibataire… [A creuser]
- D’un côté on a la liberté de voter, mais pour être écoutée, on est plus encadrée par une société qui veut être jeune, la publicité très violente contre les femmes (être mince), dehors, la société est très cool, dedans tout est encadré dans les conventions sociales

La liberté existe-t-elle ?
- Beaucoup de personnes ont peur d’avoir la liberté, perdre ce qu’on a, pour les conventions sociales, il n’y a pas de personnes qui soit vraiment libre
- La liberté n’existe pas.
- En effet la liberté complète n’existe pas. Ce n’est pas l’opposé de la servitude qui dit que tu es soumis entièrement à la volonté de l’autre
- Une forme de liberté se manifeste dans son bonheur
- La thèse de dolto : on dépend de l’autre de toutes façon, pour être il nous faut que quelqu’un nous veut quelque chose. Il y a un désir pour celui qui mange.
- Voir la bulle affective, Cyrulnik. On se rend compte, qu’un bébé pour grandir et devenir adulte : avant, il mange bien et il dort bien. Maintenant, il a un milieu dans lequel il est en confiance, qui souhaite qu’il prenne sa liberté
- Quand l’enfant pleure, on ne lui enfonce pas la tétine, on lui parle [hum, c’est ce qu’on préconise, pas forcément ce qu’on fait…]
- Le syndrome de l’attachement : les enfants qui se laissent mourir à l’hôpital car il n’ont aucune affection.
- On a donc fait le lien avec l’éducation : qu’est-ce qui nous donne la force de dire non, d’être responsable !
- Cela nous renvoie à la question de la communauté et de la reconnaissance. Voici un résumé d’un passage du livre de Fred Poché, « Une politique de la fragilité » :
S’appuyant sur Axel Honneth, F. Poché souhaite montrer qu’au-delà de l’intersubjectivité (le regard immédiat de l’autre) et de l’inscription dans une collectivité politique (l’être purement social), l’homme se construit en tant que personne (et peut alors participer à la vie collective) à travers reconnaissance et confiance qu’il puise dans un mélange de politique et de proximité. Il fait référence au « respect de soi » de G. H. Mead : « Cette expression renvoie à l’attitude positive que l’on est capable d’adopter à l’égard de soi-même lorsque l’on est reconnu par les membres de sa communauté comme une personne d’un certain genre » (p. 177). C’est à travers cette reconnaissance que l’activité citoyenne peut avoir lieu. La communauté ainsi convoquée est à comprendre en opposition à l’isolement de l’homme moderne, isolement qui rend fragile. Pour Mead, il a trois formes de communautés, en complémentarité (comme un trépied qui s’effondre si on lui retire un pied) : (1) les liens affectifs qui forment le premier degré de reconnaissance réciproque pour construire une confiance en soi et une capacité d’être seul, « la matière à partir de laquelle se forme l’amitié » (p. 182 en citant Winnicott), (2) la reconnaissance juridique qui permet le respect de soi et (3) l’estime (ou la solidarité) sociale qui présuppose un « horizon de valeurs commun aux sujets concernés » (p. 184).

Conclusion temporaire : l’histoire en train de s’écrire
Que va donner la boétie dans l’histoire : le siècle des lumières, la déclaration des droits de l’homme, les citoyens décident, la démocratie…

[1] Pour les femmes, il faut attendre les années 70 en France…

Séance 16 - Mai 2007 : "Cours débat sur l'éducation"

Avant, après… Mai 68 ou Vatican II ?
- Un grand changement de relations entre professeurs et élèves : tutoiement, usage du prénom
- Le Concile Vatican II (72-74) a permis plus de liberté notamment avec l’éducation sexuelle des filles.
- Mais l’éducation sexuelle est donnée par des personnes qui ne sont pas préparées : « On ne peut pas les laisser seules avec les élèves »).
- Mai 68, ça a été « A bas les règles » avec les premières confrontations à Nanterre en France. Pendant dix ans, on a tutoyé les profs (on est ensuite revenu au vouvoiement). « C’était bouleversant le changement de valeur »
- Tout le monde conclut : « Ni trop de règles, ni sans règles »
- En Belgique, José Manuel était dans une école de garçons. Il arrive en Espagne vers 12-13 ans dans une école mixte : « effrayé par les filles qui ont du rouge à lèvres »
- On parle du « mobbing », le fait d’un groupe d’isoler un autre jeune, de l’insulter. C’est difficile à démontrer…

- Les jeunes en Espagne exigent le confort : ils veulent des meubles neufs dans leur appartements, ils sont surprotégés. En France, on part avec les restes [à nuancer et actualiser peut-être].
- En Espagne, les jeunes n’ont pas la culture de l’effort, ils croient qu’on leur doit tout… C’est très important l’éducation des plus petits…

A compléter !

Séance 15 - Avril 2007 : "« Essai sur la mort en occident » de Philippe Ariès"

Résumé
En Europe, on utilise de plus en plus la crémation, ce qui perturbe fortement tous les rituels. Il faut les réinventer, chacun avec ses coutumes : l’Espagne avec ses petites boîtes, la France avec ses tombes. Entre la mort apprivoisée, la mort de soi et la mort interdite (où brûler ses morts trouve parfaitement sa place), existe-t-il voie médiane (ce qu’on entend souvent de la part des Espagnols qui se fatiguent parfois à n’être que « rouge » ou « noir »[1]) ?

Remarques
- Comment fait-on selon les pays quand quelqu’un meurt ? Ex de la pierre en France que l’on met sur les tombes. C’est un gros marché en France, comme les fleurs. En Espagne, on ne sait pas où la mettre car les tombes sont des boîtes !
- On a aussi des grosses couronnes de fleurs, on dit plutôt gerbe en France. Il y a aussi des différences entre les villages où c’est une grande assemblée et les villes.
- Ce sujet de la mort me fait penser au récit d’une anthropologue sur radio national le dimanche : elle parle des gens célèbres dont chacun réclame les os ; elle fait le récit des voyages des restes des hommes morts !
- J’ai regardé sur Internet et ai trouvé des choses curieuses : La Galice ressemble à la Bretagne sur le thème de la cérémonie de l’enterrement : par exemple, quand quelqu’un meurt, les cloches sonnent différemment si c’est une femme, un homme ou un enfant.
« En Espagne on ne fait pas de faire part de mariage, de baptême ou de communion. Et pour les décès, on fait ce qu’on appelle des esquelas, même si on n’est pas catholique. Avant, on la pliait en forme de triangle quand on l’envoyait dans un domicile. Tout le monde savait de quoi il s’agissait »
« En France on met le bandeau noir. En Espagne aussi ».
« Si c’est un enfant qui est mort, on met un ange ou une figure, pas une croix ».

Présentation du livre par Andrès
Le premier essai concerne les attitudes sociales devant la mort, l’entourage du mourrant. Il y a quatre phases : la mort apprivoisée, la mort de soi, la mort de toi et la mort interdite.
- La mort apprivoisée : au Moyen-Age, la mort est un acte social, normal, le mourant est entouré de toute la famille, il se prépare pour la mort, il fait réfléchir, sans peur de mourir. « On ne meurt pas sans savoir qu’on allait mourir » ; « la mort est une cérémonie organisée par le mourant lui-même ; on entrait dans la chambre du mourant librement ». Les os restaient près du village ou à l’église.
- La mort de soi : la mort prend une tournure dramatique et individuelle pour l’homme cultivé vers le milieu du Moyen-Age. Ex : la place du jugement dernier où chacun doit rendre compte devant Dieu.
- La mort de toi : au XVIIIème siècle, on exalte la mort, on la veut impressionnante, romantique ; c’est le culte nouveau des tombeaux et des cimetières. Le testament devient un acte légal de distribution des biens alors qu’il exprimait les volontés du mourant (dont la multitude des messes pour l’âme du mort). On n’accepte plus la mort de l’autre.
- La mort interdite : la mort devient un tabou au XXème siècle : on ne veut plus rien savoir de la mort.

Débat
« Avant les enfants faisaient partie de la mort. Aujourd’hui on cache le mort. »
« Avant, ça fait cinquante ans, pas plus… Depuis la télévision et les tanatorium (funérarium, là où garde le mort avant l’enterrement), c’est une entreprise qui s’occupe de tout, les choses ont changé. Il y a une salle VIP, une salle de bain, une chapelle, des petits gâteaux. »
« En France, les gens très pratiquants gardent encore le mort à la maison pendant les trois jours. Le cercueil est ouvert et les gens viennent voir »
« En Espagne, tu ne peux pas avoir le mort à la maison trois jours. Les lois municipales ne le permettent pas pour des raisons de santé. Tu peux le garder un jour »
« Comme l’éloignement des cimetières de la ville pour des raisons de santé »
« En Angleterre, tout a changé, peut-être le premier pays en Europe. Tout le monde a commencé à se faire incinéré. On n’a pas besoin de cimetière. Il y a environ vingt ans. »
« Comme l’invention de nouveaux rituels en France aux pompes funèbres pour réussir à faire le deuil.. Car on ne voit pas le mort… »[2]
« C’est une excuse de dire : je vais faire plaisir au mort en montant en haut de la montagne pour lancer les cendres… Il y a un peu d’hypocrisie. C’est une façon pour la famille de se débarrasser des cendres »
« Quand les gens vont mourir à l’hôpital (en France), on ne peut plus ramener la personne à la maison. Donc on appelle la famille avant la mort pour pouvoir garder le mort à la maison (sur matelas réfrigéré). Ceux qui vont au funérarium sont généralement ceux qui vont être incinéré. On voit quand même le mort pendant trois jours ».
« La dernière mode en parlant des cendres : c’est une entreprise suisse qui fait un diamant avec les cendres. Ca coûte entre 3 et 5 000 euros et ça prend deux mois. Tu peux porter les cendres de quelqu’un que tu aimais bien. »
« Tu deviens fou ! »
« En France, les cimetières ne sont pas prévus pour garder les urnes. On les garde à la maison. C’est un problème car les cimetières ne sont pas organisés pour ça ».
« Anecdote : A Séville, un homme qui aimait bien la bière a demandé qu’on verse ses cendres dans la compagnie qui fabrique cette bière. La fabrique a refusé et la famille a quand même gravé sur le mur qu’elle a versé les cendres par-dessus le mur. On ne sait toujours pas s’il y aura un procès ! »
« La loi devra être changée (en France) : car une dame a incinéré le mari et le chien et a mélangé les cendres pour les enterrer au cimetière des chiens ! D’autres ont vendu la maison où les cendres du grand-père étaient dans le jardin et aucun des héritiers ne voulait récupérer les cendres ! »
« en Espagne, tu peux acheter dans certaines églises ton urnes et être enterré là. Ça doit coûter trois ou quatre mille euros » ;
« Ce qui est vrai, c’est qu’aujourd’hui on meurt seul et à l’hôpital ; j’ai eu l’occasion de vérifier ça avec une vieille tante. La famille est là mais la nuit tu t’en vas »
« quand tu es très malade, ils te permettent de rester là. »
« Quand il a été très malade, mon père a dit qu’il ne voulait pas aller à l’hôpital. Mais mon frère qui était médecin l’a obligé d’aller à l’hôpital. Mon père n’était pas croyant et laissait une note pour se faire incinérer. Nous l’avons fait avec une cérémonie à l’église comme on l’a toujours fait dans la famille. Le pire est qu’on a été au crématorium et ma mère quand elle a vu mon père dans une urne, c’est comme si mon père était déjà trois fois mort. On a regretté d’avoir fait ça. Ma mère est très croyante »
« mais c’est le souhait du mort. Moi je ne veux pas que quelqu’un décide après ma mort de ne pas m’incinérer. »
« J’ai aussi une histoire avec ma tante qui est morte à l’hôpital : je suis persuadée qu’on choisit sa mort quand on vous laisse faire… Je l’ai vu prête pour mourir mais sa fille qui est médecin n’était pas prête elle. Elle a tout fait pour la garder en vie le plus longtemps possible... A l’hôpital on redevient un bébé, on vous ment, on vous prend en charge, on perd sa responsabilité »…
« J’ai décidé d’emmener ma tante à l’institut Covadonga pour ses trois derniers jours. Quand elle avait mal ou avait besoin de l’oxygène, il y avait toujours une infirmière, une bonne sœur… Elle a eu une mort très tranquille, on était tous autour d’elle mais elle était prise en charge médicalement, c’est bien ».

« La Santa Campana : ce sont les âmes des morts qui sont morts d’une mort violente ou qui ont laissé des choses à faire, alors elles se promènent la nuit avec une bougie qui était un os. C’est une croyance populaire. En Galice on ne peut pas marcher dans un chemin obscur sans penser à ça. C’est aussi la géographie qui veut ça.»
« Les cimetières sont éloignés de la ville à partir du XVIIème pour des raisons d’hygiène. »

« Aujourd’hui, avec la technologie on croit qu’on ne peut pas mourir ! »
« Mais la technologie ne change pas la biologie »
« En Espagne, les femmes étaient exclues des processions au début du XXème siècle, sauf les cortèges des enfants. C’est à partir de la première guerre mondiale que les choses ont changé : les femmes sont priées d’assister aux obsèques »
« Dans quelques villages en Espagne, il y a encore pas longtemps, les femmes n’allaient pas aux enterrements. Elles restaient à la maison et elles préparaient le grand banquet »
« Dans l’Islam, les femmes ne sont pas obligées d’aller à la mosquée ».
« J’ai lu un épitaphe sur internet : ci-git, …, mauvais électricien ».

[1] Propos d’une française fille de réfugiés espagnole durant la guerre civile.
[2] Vous trouverez en pièce jointe un texte de l’école de Paris sur le rituel des pompes funèbres en France.

Séance 14 - Mars 2007 : "Le travail"

Résumé
La vie du Français se passe beaucoup au travail : son statut, son honneur, sa reconnaissance sociale. L’Espagnol aime trop s’amuser, sortir et briller pour ne compter que sur le travail. C’est d’ailleurs contraire à son honneur. En revanche, il y passe un temps considérable…

Séance
L’histoire des hiérarchies et de l’éloignement des bureaux de la direction des ateliers : « Mon mari qui est ingénieur doit faire un kilomètre pour aller à l’atelier ! »
« Tu ne travailles pas de la même façon en atelier à la lumière artificielle et sans air conditionné que dans un bureau bien éclairée. C’est aussi lié à notre culture de la hiérarchie où chacun fait un travail très différent »
« En France, la hiérarchie est aussi très forte et les privilèges persistent dans les administrations, on dit que ce sont des privilèges d’ancien régime »
« Les américains donnent une image de travail en collaboration. Les français donnent aussi cette image. Ici on a la herencia de notre régime très hiérarchique : il y a toujours eu des classes en Espagne, le régime franquiste était très paternaliste (qui est important ? d’abord le père, après le fils…). L’héritage de l’histoire donne l’importance au chef d’entreprise car c’est le chef. Les japonais nous ont appris que si on travaille en équipe, on travaille mieux. C’est une autre mentalité. Moi j’ai la responsabilité de diriger et toi de produire ».
« Je suis d’accord. Le chef qui a un bureau comme tout le monde dans cette entreprise française… La répartition physique montre quelque chose. On a déménagé et avant le chef était au dernier étage, maintenant il est au premier étage avec tout le monde. Où je travaille, le chef a un bureau avec des drapeaux, je suis administratif, les rapports sont très bons. Il y a des départements… »
« Partout, les sièges des grandes entreprises sont dans les grandes villes. On ne met pas toujours les directeurs en conversation avec les ouvriers. Sinon, pourquoi payer des millions pour les bureaux de l’entreprise. Je crois que l’usine et l’entreprise ce n’est pas une famille, tous ensemble ».

« Dans les lycées, les relations entre les directeurs et les profs sont très amicales, on lui dit « tu ». Le directeur est prof et peut redevenir prof cinq ans après. »
« Maintenant ça change, il faut faire le stage pour être directeur. Il fait toujours 6 heures de cours par semaine. Il n’a pas droit à un logement même s’il a un salaire plus élevé que les profs. Ils gardent une partie de leur salaire s’ils sont directeurs plus de dix ans. C’est un problème car certains directeurs veulent rester longtemps pour consolider leur situation. Ceux-là disent toujours oui et c’est terrible pour tout le monde ! »
« Les relations sont plus directes. En France, on dit « monsieur le directeur… »
« Je me souviens d’une expérience idyllique dans une entreprise allemande : très efficace point de vue fonctionnement, chacun savait ce qu’il devait faire. Les gens étaient capables de faire deux choses différentes, il n’y avait pas de spécialisation. Ca tenait peut-être à la direction : le directeur avait un appartement de fonction. Je n’ai jamais vu un endroit où tout fonctionne bien : par exemple, le robinet ne marche pas, on le signale et ça marche. J’ai toujours gardé cette expérience comme exceptionnelle.
En France, dans mon expérience, les français protestent tout le temps, ils sont tout le temps fatigués. En Espagne, ça devient pareil. Le pire dans le travail, c’est d’être trop proche avec son collègue. En Espagne, il n’y a pas encore une culture du travail, pas autant qu’en Angleterre où on ne parle pas du tout de sa vie privée, les gens cachent leur maladie. En Espagne, être mêlé à tout ce qui arrive à la famille des autres, c’est trop dur : si tu dois t’occuper de ton travail et en plus être chargé de la vie personnelle des autres ».
« C’est pas bon de mélanger, c’est vrai »
« Même si tu ne veux pas apporter tes problèmes, tu viens avec tes soucis. »
« Si c’est un divorce, on le partage, on le raconte aux autres »
« J’ai beaucoup apprécié qu’on garde les formes en Allemagne en contradiction avec l’Espagne où on verse tout. Ca dépend peut-être de l’intelligence de certains qui savent ce qu’il faut dire : ni plus ni moins. C’est sûr qu’il vaut mieux dire les choses horribles. Je préfère être empathique sans trop me mêler »

« Mon fils travaille dans un call center. Il y a du monde partout. Il y a des problèmes, pas parce qu’ils sont très près les uns des autres, pas parce que quelqu’un parle de sa vie, quand tu travailles à côté de quelqu’un c’est bien de parler avec lui, le problème est le chef, s’il n’est pas bon, ce sera terrible : les gens travaillent plus ou moins, quand l’un prend un café, les autres râlent, … Si le directeur est bon, ce sera autrement. Les directeurs ne veulent rien dire. C’est affreux d’être directeur car il doit dire ce qu’il faut faire d’abord et voir si tout le monde fait comme ça et si quelqu’un ne le fait pas il doit dire non. »
« La question de l’autorité ? »
« Il ne faut pas être dictateur non plus… »
« Non ce n’est pas seulement une question d’autorité, le rôle du supérieur hiérarchique c’est de dire quand les choses ne vont pas bien. Il n’est pas là pour que tout le monde l’aime, il est là pour que son travail marche. S’il est laxiste, c’est une histoire de respect des uns vis-à-vis des autres. Quand on parle d’autorité, on pense au petit chefaillon qui se prend pour un grand ponte (péter plus haut que son cul – mehar coloña pour une femme). »
« Tous les directeurs veulent être aimés »
« Je ne suis pas d’accord, j’en ai connu trois qui font leur travail sans y chercher de l’amour »
« Une expérience où a l’impression que ça marche sans chef (l’Allemagne) et l’autre où on a besoin d’un chef (le call center). C’est intéressant... »
« J’ai travaillé sans directeur, j’étais responsable et je sais ce que c’est que d’être antipathique ! Ensuite j’ai travaillé dans un endroit où tout le monde est directeur et ça ne marche pas »

[Organisation possible des idées : 1 – les lieux, 2 – la culture ou non du travail, 3 – la légitimité de diriger]

« Ici il n’y a pas une culture de production. Moi je fais cette tâche, si j’ai des résultats, je vais être valorisé par au-dessus ?… Ca n’existe pas ici. Tout le monde volait des choses dans l’entreprise et tout le monde s’en fichait. On augmentait de salaire et tout le monde était content même si l’entreprise va mal. On a du vendre Ensidesa (entreprise publique auparavant) et ça a été un drame : el que vale vale y el que no para Ensidesa, c’est ce qu’on disait ici »
« …Et tout le monde voulait travailler à Ensidesa car c’était une entreprise de l’état, on s’en foutait de la production »
« Dans une entreprise, quand une personne arrive à un poste, il s’en fiche de l’état de l’entreprise, ce qu’il veut, c’est se rapprocher des copains, des collaborateurs pour garder son poste et la paix sociale. Et la production ça fonctionne ? Ca fait rien. Il arrive que les personnes arrivent parce qu’il connaît quelqu’un et non parce qu’il a du mérite »
« C’est partout pareil »
“La culture du padrino est très forte en Espagne”
« Si tienes padrino, te bautizas y sino te quedas moro »
“En France on n’a pas les mêmes problèmes dans l’administration ? »
« Oui »
« Ici, chacun regarde pour soi-même. Il y a des cultures qui ont une culture du collectif. Ici, je suis arrivé et je vais essayer que mon fils le préserve. Le fils est la prolongation de moi »
« Il faut se rappeler que les espagnols ont envie de s’amuser et les allemands peut-être non »
« quand ils sont en vacances, on ne peut plus dormir »
« Ils changent quand ils viennent en Espagne »
« Nous on devrait trouver la mitad del camino. La vie ce n’est pas le travail tout le temps. Tu vis qu’avec tes compagnons du travail. On devrait travailler seulement le matin et le soir. On devrait avoir du temps pour s’amuser : c’est voir les amis, lire… Pourquoi les gens sont si fous et ont tout le temps besoin du psychiatre : les gens sont malheureux »
« Je suis très impressionnée par les horaires ici »
« Oui mais on s’amuse »
« Au travail »
« Ma devise : travailler peu avec le plus d’efficacité. Je m’organise et je l’enseigne à mes enfants comme pour faire la cuisine »
« Je suis hallucinée par les horaires espagnols en contradiction avec le fait que l’on ressent très fort qu’il n’y a pas de désir de travailler : on n’aime pas bosser et on fait des horaires incroyables. Retour à la maison vers 21h et départ de la maison à 8h. On ne voit jamais les enfants. Si la pause est entre 14h et 16h alors que les enfants mangent entre 12h30 et 14h30, on ne les voit jamais. »
« Les entreprises qui font de la publicité pour l’équilibre familial, où la présence du jardin d’enfant, sont souvent des entreprises américaines sauf mercadona »
« Aux etats-unis il y a des entreprises qui embauchent des femmes qui ont seulement des enfants car elles sont plus efficaces »
« Les femmes travaillent après leurs enfants »
« Oui, le chômage est de 4%, c’est facile de retrouver du travail »
« On ne travaille pas de la même façon quand on a des enfants petits et quand les enfants sont plus grands. Il y a des situations où on peut dédier tous ses efforts au travail et d’autres non »
« Ici, quand tu as fini avec les enfants, tu commences avec les parents »
« En Espagne, sans la famille, l’économie s’écroule, c’est mon impression : les grands-parents s’occupent des petits et après on s’occupe d’eux »
« Et tout sur le dos des femmes »
« Il y a des résidences pour les personnes âgées »
« On n’a plus envie de s’occuper de sa famille ? »
« Il y a beaucoup de vieux en Asturies »
« Les gens vivent de plus en plus longtemps, on parle du 4ème âge avec des problèmes dont la famille ne peut pas s’occuper. Les familles vivaient ensemble car on vivait moins longtemps. La maladie d’Helzeimer n’existait pas, elle n’avait pas le temps de se développer »« Helzeimer peut apparaître à des personnes très très jeunes »